La Team Gibbs dénonce le budget primitif de la Collectivité
Lors du dernier Conseil territorial du 28 mars, l’absence de la Team Gibbs a été très remarquée. Une absence justifiée dans un courrier adressé le jour même au Préfet (voir notre édition du 01.04). Pour les conseillers de l’opposition, le budget présenté n’est pas sincère et pose la question de la gestion éthique des deniers publics.
En 2023 déjà, la Team Gibbs avait demandé des éléments pour analyser le budget. Une demande réitérée à plusieurs reprises, sans succès. Demande à nouveau formulée en amont du vote du budget primitif 2024, toujours sans obtenir gain de cause. Les conseillers de l’opposition estiment que leur droit à l’information est bafoué depuis deux ans et qu’en l’absence de ces documents, ils ne peuvent apprécier de manière éclairée les éléments du budget. Au vu des chiffres publiés, ils se posent en outre la question de la gestion même de l’argent public et dénoncent une gouvernance bien loin de la politique d’austérité annoncée par le gouvernement.
DES EMBAUCHES DE COMPLAISANCE ?
Pour rappel le budget primitif est de 267,6 millions d’euros, dont 200,8 millions de fonctionnement et 66,8 millions d’investissement. Sur ce budget de fonctionnement la masse salariale, à savoir les salaires des agents de la Collectivité, représente 70 millions. En 2022, ce budget, alors jugé déjà trop important par la chambre territoriale des comptes, était de 46M. La raison invoquée pour ces embauches est « la montée en compétence de la Collectivité ». Or, soulignent les membres de la Team Gibbs, les mêmes difficultés perdurent.
Autre dysfonctionnement constaté, les postes n’ont pas été créés et les arrêtés n’ont pas été passés. Il est demandé aux élus de régulariser les embauches après coup. Une mise devant le fait accompli qui avait déjà fait l’objet de débats lors de précédents conseils territoriaux. Aujourd’hui, les embauches se poursuivent et souvent en faveur d’amis ou membres de la famille des responsables en place, constate la Team Gibbs.
AIR ANTILLES, UN GOUFFRE FINANCIER
Le budget doit retranscrire une vision globale de la politique en œuvre pour le territoire. Force est de constater que les décisions sont prises à la hâte, sans réflexion. C’est le cas notamment pour le rachat d’Air Antilles, avec les difficultés que cela engendre aujourd’hui. Pour la 5e fois consécutive, l’obtention du CTA est à nouveau reporté, clouant toujours les avions au sol. Leur immobilisation va entrainer des coûts de révision astronomique, sous réserve de trouver un prestataire ou de payer les dettes du dernier en date. Il va également falloir régler les factures des pièces à changer et continuer à payer les salaires des employés repris avec la compagnie. Le budget présenté lors du rachat a explosé et ne correspond plus à la réalité. Le discours de « on peut se permettre car on a les moyens de le faire, et ce, sans augmenter les impôts » ne tient pas car il y a une anomalie dans les chiffres, remarque la Team Gibbs : « en 2023, les recettes fiscales étaient de 100M. Elles passent à 160 M cette année ? Soit on connait un boom économique sans précédent, soit l’administration fiscale s’est réveillée ? ». Les élus regrettent également que nombre de projets structurants aient été déprogrammés, au conseil territorial de décembre, pour financer New Air Antilles.
COMPTE PROVIDENTIEL ?
Plus inquiétant, il a été annoncé lors de la commission des finances « qu’en vérifiant les comptes, on a trouvé un compte d’attente où dormait 40 M d’euros depuis des années ». Une somme donc imputée aux recettes, mais un compte passé sous silence lors du Conseil Territorial. Le problème est que cette manne providentielle n’est pas renouvelable et que la masse salariale et les charges fixes elles, vont perdurer. D’où le questionnement sur la gestion des deniers publics. La ligne des subventions n’étant pas définie, il fallait trouver de l’argent pour justifier cette augmentation et trouver l’équilibre budgétaire.
UN BUDGET SUPPLÉMENTAIRE EN PRÉVISION
La Team Gibbs soulève bien d’autres points, comme les nombreux déplacements du Président pour trouver des financements, sans aucun résultat puisque rien ne figure au budget, l’augmentation du coût du collège 900 de 8M à 24M non justifiée par la seule hausse des matériaux ou encore le contrat de convergence (soutien de projets structurants pour réduire les écarts de développement avec la métropole) pas signé à ce jour. Quel sera l’impact des 10 milliards d’économie souhaités par le gouvernement sur ce contrat ? L’austérité va aussi toucher les outremers, il y a donc un risque que les subventions attendues ne tombent pas ou soit réduites.
Lors de la commission des finances, les élus de la majorité ont stipulé qu’un budget supplémentaire sera prochainement présenté. Le budget actuel sera donc bouleversé et devra faire à nouveau l’objet d’un vote… à suivre !