Élections anticipées chez nos voisins de la partie hollandaise : un scrutin sous tension
Le 19 août, les citoyens de Sint Maarten se rendront aux urnes pour élire les 15 membres de leur parlement. Cette élection législative anticipée survient dans un contexte de mécontentement généralisé, exacerbé par une crise énergétique sans précédent.
UNE MAJORITÉ FRAGILE
Le système électoral de Sint Maarten diffère du nôtre. Les 15 membres du parlement sont élus selon un mode de scrutin proportionnel plurinominal dans une seule circonscription, ce qui signifie que les électeurs votent pour un membre du parti, et les sièges sont ensuite répartis en fonction du nombre total de voix obtenues par chaque parti. Une fois élus, les parlementaires nomment les différents ministres ainsi que le Premier ministre pour un mandat de quatre ans. Le 11 janvier 2024, les 14 445 électeurs de la partie sud de l'île ont vu se former une coalition inédite, baptisée "deux par quatre". Elle regrou- pait quatre partis : le Unified Resilient St. Maarten Movement (URSM), le Democratic Party (DP), le Party for Progress (PFP), et le Nation Opportunity Wealth (NOW), avec deux sièges attribués à chaque parti. Cette majorité s'est toutefois révélée extrêmement fragile. Disposant seulement de 8 sièges contre 7 pour l'opposition, il a fallu quatre mois de négociations pour former un gouvernement. Le 20 mai, la stabilité précaire de la coalition a été remise en cause par Kevin Maingrette, membre du parlement appartenant au parti NOW, qui a retiré son soutien à la majorité. Il a ensuite formé une nouvelle alliance avec la National Al- liance (NA) et l'United People’s (UP), contrai- gnant le Premier ministre Luc Mercelina à dissoudre le parlement en invoquant l'article 59. Ironie du sort, cinq jours après cette dissolution, Maingrette a adressé une lettre au gouverneur, Ajamu Baly, pour annoncer son retrait de cette nouvelle alliance et s’est alors déclaré membre indépendant du parlement.
UNE POPULATION LASSÉE
Depuis la dissolution des Antilles néerlandaises en 2010, Sint Maarten n'a connu qu'un seul gou- vernement stable de quatre ans, celui de l'an- cienne mandature sous la gouvernance de Silviera Jacobs. Bien que ce gouvernement ait lui-même connu des élections anticipées en 2020, il a su maintenir la stabilité pendant quatre ans. Aujourd'hui, les citoyens de Sint Maarten s'interrogent sur les raisons pour lesquelles une telle stabilité semble impossible à rétablir. Pour ces législatives, le nombre de candidats est élevé, surtout par rapport au nombre d’électeurs. Neuf partis sont en lice, dont deux nouveaux : le Oualichi Movement for Change (OMC) et le Soualiga Action Movement (SAM), pour un total de 135 candidats. Selon l'International Foundation for Electoral Systems, sur les 42 850 habitants de la partie hollandaise, 22 747 sont inscrits sur les listes électorales.
DES ÉLECTIONS PLEINES DE REBONDISSEMENTS
Le 18 juillet 2024, la campagne électorale a été marquée par une tentative d'assassinat visant Olivier Arrindell, candidat et chef du parti Oualichi Movement for Change (OMC). Sa femme, qui l'accompagnait à bord du véhicule, a été mortellement touchée. Arrindell a rapidement qualifié cet acte de tentative d'assassinat visant à l'empêcher de mener à bien sa campagne. Une enquête est en cours, mais aucune piste n'a encore été révélée. Malgré cette tragédie, Arrindell a choisi de poursuivre sa campagne en mémoire de sa défunte épouse.
DES ÉLECTIONS COUPLÉES À UNE CRISE ÉNERGÉTIQUE
Au mécontentement général s'ajoute une crise énergétique qui pèse lourdement sur le quotidien des citoyens de Sint Maarten. Les coupures de courant fréquentes et les hausses de prix exacerbent un climat déjà tendu. Cela révèle la mauvaise gestion de GEBE, l'entreprise dont le gouvernement possède des actions et qui est res- ponsable de la production de l'électricité dans la partie hollandaise. En réponse, de nombreux habitants, excédés par ces coupures intempestives, ont exprimé leur colère sur les réseaux sociaux et appellent à manifester. En cette période estivale particulièrement chaude, nos voisins sup- portent difficilement ces interruptions de courant pouvant durer jusqu'à plus de six heures par jour, sans qu'un calendrier fixe ne soit communiqué. La viabilité des élections du 19 août pourrait même être compromise si les coupures persis- tent.
DES ENJEUX CRUCIAUX POUR L'AVENIR DE SINT MAARTEN
Lors de ces élections, plusieurs questions cruciales, mises en avant par le Daily Herald, ont émergé. La gestion de la crise énergétique, qui a des conséquences économiques, psychologiques, et qui affecte la qualité de vie des habitants, est au cœur des préoccupations. Sans compter le re- tour sur les bancs de l’école et la saison touris- tique qui débutera très prochainement. La question d'une réforme électorale pour assurer une certaine stabilité gouvernementale est éga- lement soulevée. À cela s'ajoutent les préoccupations concernant la sécurité, le système de santé, l'économie, ainsi que la gestion des infra- structures et des constructions. La situation économique et politique actuelle laisse présager des élections d’une grande importance pour l'avenir de l'île. Le 19 août, les habitants de Sint Maarten exprimeront leurs voix, espérant enfin sortir de cette période d'instabilité.
Les partis en lice
• Democratic Party (DP) :
23 candidats, avec Sarah Westcott en tête de liste.
• Party for Progress (PFP) :
12 candidats, avec Melissa Gumbs en tête de liste.
• National Alliance (NA) :
17 candidats, avec Silveria Jacobs à sa tête.
• Soualiga Action Movement (SAM) :
nouveau parti avec 12 candidats, dirigé par Franklin Meyers.
• Oualichi Movement for Change (OMC) :
19 candidats, avec Olivier Arrindell en tête de liste.
• Nation Opportunity Wealth (NOW) :
16 candidats, avec Emmanuel Christophe en tête de liste.
• United People’s (UP) :
18 candidats, avec Omar Ottley en tête de liste, succédant à Rolando Brison, désormais numéro 5.
• Empire Culture Empowerment (ECE) :
3 candidats.
• Unified Resilient St. Maarten Movement (URSM) :
15 candidats, avec Luc Mercelina en tête de liste.