Accident mortel des Terres Basses (janvier 2023) : 3 ans de prison avec sursis requis pour le conducteur impliqué qui avait pris la fuite
De nationalité péruvienne, âgé de 25 ans, A.H.G était convoqué hier près de la Chambre correctionnelle du tribunal de Saint-Martin pour avoir été impliqué dans l’accident survenu sur la route des Terres Basses, au petit matin du 23 janvier dernier, et qui a coûté la vie à une jeune femme de 26 ans. Le ministère public a requis une peine de 3 années d’emprisonnement assortie d’un sursis pour le prévenu. La décision a été mise en délibéré au 23 novembre prochain.
C’est en visio-conférence avec une salle du tribunal de Quimper (Bretagne) dans laquelle se tenaient la maman de la victime, Chloé, accompagnée d’une amie, que le procès s’est tenu, hier matin. Une demande formulée au tribunal par l’avocate de la partie civile, « car voir et entendre le prévenu par la famille et les proches est important pour entamer les processus de deuil et de reconstruction ». Très affectée et émue, soutenue par son amie, si la maman de Chloé n’a malheureusement pas pu s’exprimer longuement pendant l’audience, un problème technique empêchant de rendre audible ses propos, elle a toutefois indiqué des bribes de son drame vécu, aggravé par le fait que pour des raisons financières, elle n’a pas pu se rendre à Saint-Martin au moment de l’accident et « a récupéré sa fille dans une urne », après qu’elle ait été incinérée, ici à Saint-Martin. Chloé, jeune femme de 26 ans, était saisonnière et travaillait dans un restaurant de la place à Grand Case. « Elle n’était pas parfaite, comme personne ne peut l’être, et a effectivement perdu la vie accidentellement après une soirée festive avec alcool et substances de stupéfiants », a commenté l’avocate de la partie civile qui s’est évertuée à mettre en exergue la culpabilité du prévenu, A.H.G., se basant sur l’expertise en accidentologie très circonstanciée réalisée après l’accident. Le rapport d’expert concluait que l’accident était dû à des facteurs humains, notamment aux vitesses supérieures des trois véhicules impliqués à celle autorisée sur cette partie sinueuse de la route des Terres Basses, d’autant que la chaussée était humide, et que l’impact est venu d’un déport sur la gauche du véhicule conduit par le prévenu, le faisant entrer en collision avec le véhicule arrivant en face, conduit par la victime, lequel, comme une toupie, a tourné sur lui-même et est venu percuter le 3e véhicule qui circulait derrière le véhicule du prévenu. Des faits corroborés par les témoignages des conducteurs et passagers qui se trouvaient dans les autres véhicules également impliqués dans l’accident.
LE PRÉVENU NIE SA CULPABILITÉ
Malgré ses excuses et sa demande de pardon à la famille de la jeune femme, le prévenu nie toute culpabilité et invoque fermement que c’est le véhicule de la jeune femme qui est venu le percuter. Autre circonstance aggravante, le prévenu n’est pas resté sur les lieux de l’accident, sans chercher à porter secours à la victime. En effet, après l’accident, il s’est rendu à la guérite des agents de sécurité de Baie Rouge et indique leur avoir demandé d’appeler les secours, puis avoir contacté un ami pour venir le chercher. Des faits avérés par le visionnage des caméras de surveillance exploitables sur les lieux. Pour se défausser de cette fuite, A.H.G. explique qu’il ne parle ni le français ni l’anglais, et que « très choqué », il est parti. Ce n’est que le lendemain, après avoir remonté jusqu’à lui par la plaque d’immatriculation de son véhicule resté sur les lieux, que les gendarmes l’ont invité à se présenter à la gendarmerie, où il a été placé en garde à vue. Mais 24 h après les faits, les relevés d’alcoolémie et de stupéfiants sur sa personne n’ont rien pu révéler… L’avocate de la partie civile a cherché à démontrer que la fuite du prévenu a surtout été provoquée par la situation illégale de son véhicule, de surcroît non-assuré, ainsi que par sa situation personnelle illégale, non-détenteur d’un titre de séjour et vivant de petits jobs non déclarés.
L’avocat de la défense s’est attelé quant à lui à démontrer le contraire, demandant au tribunal de prendre avec précaution les témoignages. Pour la défense, sans preuve tangible, c’est la parole de l’un contre l’autre qui prévaut, demandant au tribunal de relaxer son client.
Le ministère public a requis 3 années de prison assortie d’un sursis simple, ainsi qu’une interdiction pendant 5 ans de conduire sur le territoire français. La décision a été mise en délibéré à l’audience du 23 novembre prochain.