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Axelle Dorville, chargée de communication et Laurie Hec, directrice déléguée sur le stand du sanctuaire AGOA à la Fête de la Baleine.
Axelle Dorville, chargée de communication et Laurie Hec, directrice déléguée sur le stand du sanctuaire AGOA à la Fête de la Baleine.

Aire Marine Protégée : les eaux des Antilles françaises, un havre de paix pour les mammifères marins

07 February 2023

Avec plus de 800 visiteurs le week-end dernier, la Fête de la Baleine a démontré l’intérêt du public pour les mammifères marins. Le sanctuaire AGOA, en collaboration avec les Réserves Naturelles de Saint-Martin et de Sint Maarten, veille à ce qu’ils soient préservés, ici, mais aussi dans un plus large périmètre, les eaux des Antilles Françaises. Une mission complexe car toutes les îles de la caraïbe n’ont pas la même vision et les cétacés eux ne connaissent pas les frontières.

Avec une superficie de 143 256 km2, le Sanctuaire Agoa est la deuxième aire marine protégée française, après le parc naturel de la mer de corail en Nouvelle-Calédonie. Le Sanctuaire couvre toute la zone économique des Antilles françaises, soit les eaux de la Martinique, la Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Il a pour mission première de protéger les mammifères marins et leurs habitats des impacts négatifs directs ou indirects, générés par les activités humaines. Son objectif est également, par l’observation, d’améliorer les connaissances sur l’ensemble de ces espèces qui fréquentent les eaux des Antilles.

UN TIERS DES ESPÈCES MONDIALES DE CÉTACÉS SONT DANS LES EAUX DU SANCTUAIRE

La zone est en effet un réservoir incroyable de diversité, et une trentaine d’espèces de cétacés fréquentent les eaux du Sanctuaire Agoa. Certaines y résident à l’année comme le dauphin tacheté pantropical et d’autres viennent s’y reproduire comme c’est le cas de la baleine à bosse, de décembre à mai. Auparavant, les Antilles françaises comptaient d’autres mammifères marins, aujourd’hui disparus, comme le Lamantin des Caraïbes et le Phoque moine des Caraïbes. L’extinction de ce dernier a été causée par la chasse au 18e et 19e siècles, car sa graisse était alors très prisée.

LA CHASSE, UNE TRADITION ANCESTRALE

Bon nombre d’îles de la Caraïbe pratiquent la chasse depuis la nuit des temps. A Saint-Vincent et dans les Grenadines la chasse à la baleine est permise car considérée comme une subsistance aborigène, mais désormais limitée à un quota. Quatre baleines à bosse sont tuées chaque année et leur graisse transformée en chips ! C’est aussi le cas dans d’autres pays dans le monde, qui n’ont pas ratifié le moratoire sur la fin de la chasse à la baleine signé en 1981, ou qui après l’avoir signé ont fait marche arrière comme le Japon avec le prétexte d’une chasse scientifique. La Norvège, l’Islande, les îles Féroé, etc … chassent encore la baleine. Mais on ne parle là que de la chasse à la baleine. Les petits cétacés comme les dauphins ou les orques eux ne sont pas soumis à interdiction et peuvent être tués en toute impunité. Plusieurs centaines de dauphins sont victimes de la chasse chaque année.

RÊVER À UN SANCTUAIRE CARIBÉEN ?

Dans ce contexte il semble difficile d’imaginer une protection à l’échelle mondiale et encore moins sur la zone Caraïbes sans la coopération de tous les états souverains. Pourtant, un exemple existe, le sanctuaire Pelagos géré à la fois par la France, Monaco et l’Italie depuis 2022. Sa zone de protection s’étend sur 87 500 km2, la classant comme la plus grande aire marine protégée (AMP) de Méditerranée, et la seule AMP internationale de protection des mammifères marins. Avec l’espoir que cet exemple puisse être reproduit aux Antilles, les deux sanctuaires collaborent ensemble depuis 2018 afin d’échanger sur leurs problématiques communes, améliorer la protection et la gestion des espèces migratrices fréquentant plusieurs sites et partager leurs compétences techniques. En attendant, un projet européen, le projet CAMAC inter-caraïbe, prévoit d’intégrer les tortues, les requins et les raies dans les espèces suivies par le sanctuaire pour dans un premier temps pouvoir les recenser. Par ailleurs, une étude sur les interactions de la pêche sur ces espèces est déjà en cours et les conclusions devraient être rendues en mars. C’est en mars également, du 6 au 10, que se tiendra la troisième conférence mondiale sur la baleine à bosse à Saint Domingue. 

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