L’IEDOM dévoile son rapport annuel économique

C’est devant un public, plus nombreux qu’à l’habitude, composé d’institutionnels et de chefs d’entreprises, mais aussi, et pour la première fois, de la présence des services des statistiques de Sint Maarten, que le directeur régional a décliné les grandes lignes du rapport économique pour l’année 2022. La présence des services de Sint Maarten a été soulignée à plusieurs reprises par Thierry Beltrand, témoignant de la volonté commune de coopérer afin d’obtenir des statistiques et des chiffres qui soient au plus proches de la réalité. « Cette collaboration de plus en plus forte et qui reste encore à renforcer avec la partie hollandaise nous permet d’obtenir une vision plus globale de la situation du territoire » a insisté Thierry Beltrand. A ce sujet, un fascicule comparatif sur les données économiques de part et d’autre de la frontière (salaire minimum, taux de chômage, nombre d’entreprises, etc…) est en cours d’élaboration et devrait être publié d’ici la fin de l’année.

EMBELLIE DANS LE SECTEUR DU TOURISME

S’agissant des données chiffrées pour le nord de l’île, elles font ressortir une nette reprise de l’activité, notamment touristique, en sortie de crise sanitaire. En témoigne par exemple, une augmentation de +145% du nombre de passagers arrivés sur le territoire en 2022 ; 1.3M passagers ont été comptabilisés. Un bémol ici à observer cependant, ce nombre d’arrivées sur le territoire ne distingue pas les touristes et les résidents. Les arrivées par transports aériens ont augmenté de 55%, quant aux croisiéristes, ils ont fait un bond de +262% par rapport à l’année 2021, période à laquelle l’activité avait été totalement stoppée du fait de l’épidémie de Covid. Ce sont en effet 845 000 croisiéristes qui ont débarqué en 2022 sur le territoire, quasi-exclusivement sur la partie hollandaise. Une embellie dans le secteur du tourisme semble donc s’être installée depuis 2022, sans toutefois n’avoir encore atteint les niveaux d’avant 2017 et le passage de l’ouragan Irma. A relever que les structures d’accueil, notamment l’aéroport international Princess Juliana, et d’hébergements n’ont pas encore été toutes reconstruites et que le nombre de chambres d’hôtels (environ 1200 unités) reste inférieur à celui d’avant 2017 (1600 unités). A noter également une nette reprise des trafics inter-îles (+147%), avec notamment le retour des navettes vers Anguilla après une interruption de plus d’1 an pendant la crise sanitaire. Enfin, à souligner que pour la 1ère année, l’IEDOM obtient des chiffres des plus grosses plateformes de locations saisonnières (Airbnb, Abritel…), ce qui permet à l’institut d’établir qu’environ 1500 offres seraient actives sur la partie nord de l’île.

UN TAUX DE CHÔMAGE TOUJOURS INQUIÉTANT

Malgré une augmentation de 4% observée sur le marché du travail, le taux de chômage reste inquiétant. Avec plus d’un tiers de la population active au chômage (33%), Saint-Martin figure en effet parmi les mauvais élèves des autres départements français. A titre comparatif, la partie hollandaise comptabilise 8% de demandeurs d’emploi. Un ratio dont l’analyse pessimiste est encore accentuée par une population jeune, les moins de 20 ans représentant 35% de la population, majoritairement sans emploi. Il est par ailleurs constaté que de nombreux jeunes partent se former à l’extérieur du territoire et ne reviennent pas à la suite et l’IEDOM constate un solde migratoire déficitaire entre les arrivées et les départs de personnes en recherche d’emploi, avec de fait, une tendance à un vieillissement de la population.

Parmi les secteurs les plus dynamiques, celui de la restauration, avec +9% de personnes salariées par rapport à l’année précédente. Enfin, compte tenu de l’achèvement de nombreux chantiers de reconstruction post-Irma, le rapport économique établit un essoufflement du secteur du bâtiment, avec une baisse du nombre d’emplois déclarés. Toutefois, l’IEDOM constate un dynamisme du côté de la construction immobilière, stimulé par l’intérêt des investisseurs extérieurs (en particulier de Saint-Barthélemy) et soutenu par le secteur bancaire local. L’IEDOM observe en effet une activité bien soutenue du secteur bancaire local, avec une augmentation de +18% de l’activité de crédit (ce taux est de 4% en Guadeloupe). « Selon les informations qui nous sont remontées des 5 banques locales, en 2022, elles ont plus prêté qu’elles n’ont collecté. Une hausse principalement portée par les crédits aux ménages pour de l’acquisition immobilière (+17.6%) et les crédits à la consommation (+14.4%). S’agissant des crédits aux entreprises, bien qu’en ralentissement, ils restent en forte progression (+18.7%) », précise Thierry Beltrand. Des indicateurs qui reflètent une bonne reprise économique du territoire, avec des projets d’investissements. 

Prêts garantis par l’État (PGE) : 4% des entreprises en difficulté de remboursement 

Pendant la crise sanitaire Covid-19, l’État mettait en place le dispositif PGE, afin de permettre aux entreprises d’avoir une trésorerie suffisante pour surmonter la période. Selon la Banque de France, 4% des entreprises éprouveraient des difficultés à procéder au remboursement. A Saint- Martin, ce sont 360 entreprises qui en ont bénéficié, représentant un total de 39M€, et 8 d’entre elles sont en cours de remboursement. Le directeur régional de l’IEDOM indiquait que pour celles qui éprouveraient des difficultés pour ce remboursement, elles peuvent faire appel à la Médiation du Crédit https://mediateur-credit.banque-france.fr