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Initiative Saint-Martin Active : un bilan en forme d’appelé

Par Ann Bouard
30 Mai 2025
Danielle Gane, directrice et Jean-Paul Fisher, président d'Initiative Saint-Martin Active.

Jean-Paul Fisher, le président d’Initiative Saint-Martin Active (ISMA) et Danielle Gane, directrice de la plateforme, présentaient le bilan de l’association lundi dernier. L’occasion de rappeler le fondement même de cette structure, la lutte contre la fracture sociale, mais également les besoins pour pouvoir aller plus loin. Et cela passe par une certaine coordination entre tous les acteurs du territoire.

Pour Jean-Paul Fisher, il y a une nécessité pour le territoire de mieux répondre aux besoins sociaux et d’insertion. « Il est important aujourd’hui que nous ayons un débat commun avec l’ensemble des partenaires, pour que cette action puisse être réorientée vers des objectifs qui viseraient à une réduction progressive de la fracture sociale, en réintégrant des personnes exclues du monde économique dans lequel nous vivons » estime-t-il.

Une action sociale nécessaire

Devenue en 23 ans, un acteur essentiel de l’action économique sur le territoire, ISMA peut se féliciter de ses résultats. L’un des plus importants créateurs d’entreprises et d’emplois du territoire sur les trois dernières années, ISMA a permis la création d’une centaine d’entreprises générant la création de plus de 200 emplois. En 2024, l’association a accueilli 108 entrepreneurs, permis la création de 69 emplois et accordé 1 758 684 € d’aides (prêts bancaires et prêts ISMA). Plus d’une quarantaine de bénévoles œuvrent à mettre en place les dispositifs comme les prêts d'honneur, et accompagnent chaque porteur de projet pour le montage de son dossier, avec la satisfaction au final de voir 93% des entreprises perdurer au bout de trois ans.
À noter qu’un tiers des personnes aidées sont au RSA ou en situation de chômage longue durée. L’action sociale d’ISMA n’est donc plus à démontrer. Mais au-delà des chiffres, le système risque de s’essouffler s’il ne se remet pas en question.

Mutualiser les efforts

Les résultats sont plus que convenables, mais lorsque l’on analyse les chiffres, il n’y a qu’une partie des porteurs de projets qui s’intègrent dans les objectifs prioritaires d’ISMA. L’objectif est de faire revenir à l’emploi des personnes en rupture sociale et tout particulièrement dans les quartiers dits prioritaires.  Jean-Paul Fisher pointe du doigt la multiplication des intervenants dans ce domaine, ce qui nuit à l’efficacité. Il prône la création d’un guichet unique et un travail en commun afin de mieux orienter les porteurs de projets.
Pour lui, cette réflexion plus large doit intégrer l’État et la Collectivité, afin de pouvoir réorienter les actions vers une efficacité sociale beaucoup plus forte. D’où la nécessité d’avoir une véritable coordination sur un territoire qui demeure compliqué par ses diversités ethniques, linguistiques, culturelles, etc.

Utiliser les ressources financières

Sur la période 2025-2027, ISMA a bien l’intention d’accentuer ses actions, notamment dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, mais elle est dépendante des ressources extérieures, provenant partiellement de la Collectivité et principalement des fonds de l’Union européenne.
« Depuis 4 à 5 ans, la mobilisation de ces fonds sur Saint-Martin est un vrai challenge » alerte le président d’ISMA. Quant à la consommation de ces fonds, lorsqu’ils sont débloqués, il estime que Saint-Martin a un certain retard. Il exprime le vœu que sur la mobilisation en cours, l’ensemble des acteurs du système prennent conscience du travail accompli par ISMA certes, mais surtout de la nécessité de consommer ces fonds, une obligation pour le développement du territoire.
« Il faut être lucide et mettre en œuvre les instruments financiers qui existent, pas seulement pour ISMA, mais au profit de tous les acteurs du développement économique ou social. C’est un appel à la conscience d’un certain nombre d’acteurs du système pour qu’ils comprennent que nous travaillons sur du concret, une population en réelle difficulté », conclut-il.

Ann Bouard