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L’hôpital à nouveau sous tutelle

Par Ann Bouard
19 Mai 2025

Le centre hospitalier Louis Constant Flemming a été placé sous administration provisoire ce lundi pour une durée de six mois. La décision a été prise par l’ARS (Agence Régionale de Santé) de Guadeloupe.

C’est la troisième fois dans son histoire que le centre hospitalier Louis-Constant Fleming est placé sous administration provisoire. La décision a été formalisée le 14 mai dernier par un arrêté du directeur général de l’ARS, Laurent Legendart, publié au recueil des actes administratifs. Elle a pris effet ce lundi 19 mai et devrait durer six mois, le temps de recruter un nouveau directeur ou une nouvelle directrice. Dans cette attente, les administrateurs provisoires reprendront les fonctions du directeur (par intérim ces derniers mois) et du conseil de surveillance.

Gouvernance bancale et départ de la directrice

La dernière mise sous tutelle de l’établissement remonte à 2019, jusqu’à la prise de fonction de Marie-Antoinette Lampis. Sous sa direction jusqu’en juillet 2023, l’hôpital avait connu plusieurs mouvements sociaux. Conséquences ou coïncidence, la directrice s’était alors mise en arrêt maladie. Elle avait été remplacée, provisoirement, par Anne Calais, détachée du CHU de Martinique où elle était directrice adjointe. Son intérim avait été prolongé, mais elle avait quitté le centre hospitalier de manière soudaine et non expliquée. La direction, par intérim, avait alors été confiée à Éric Djamakorzian, le fraîchement nommé directeur de l’hôpital Irénée de Bruyn de Saint-Barthélemy. Une situation difficile à tenir sur le long terme, nécessitant des aller-retour hebdomadaires entre les deux îles, fatiguant pour l’homme, et pour les équipes car la direction de l’un et l’autre des établissements n’étant que de quelques jours par semaine. Après plus d’un an et demi d’arrêt maladie, on apprend que Marie-Antoinette Lampis a quitté son poste le 25 avril dernier à sa demande, faisant valoir ses droits à la retraite. 

Une décision motivée par des défaillances

Mais la décision n’a pas été motivée uniquement par des problèmes de gouvernance. L’établissement n’est plus certifié depuis 2014 par la Haute Autorité de Santé (HAS), qui en octobre 2023, avait qualifié la qualité des soins insuffisante dans son rapport. Depuis, peu de choses ont avancé, les mesures correctives ne semblent pas avoir été mises en place. Le dernier rapport en mars, cette fois de l’Agence nationale de performance sanitaire et médico-sociale (ANAP), axé sur le fonctionnement des urgences, le bloc opératoire et la gouvernance, fait état lui aussi de manquements sévères. L’hôpital est toujours en déséquilibre financier (mais c’est aussi la situation de beaucoup d’hôpitaux dans l’hexagone), et doit faire face à des défis médicaux, organisationnels… sans compter l’arrêt des travaux d’extension, et de nombreux projets qui visaient à améliorer l’accès aux soins des patients.
Lors des vœux à l’hôpital en janvier Michel Petit, 4e vice-président de la Collectivité en charge du social, en avait convenu, l’intérim bien qu’elle ait permis de faire avancer certains dossiers ne peut être une solution à long terme. Il avait proposé alors au président du conseil de surveillance cette mise en place d’une administration provisoire pour faire avancer les choses. L’ARS est allée dans son sens, mais la balle est désormais dans son camp pour nommer et asseoir une vraie gouvernance que l’on souhaite pérenne dans l’intérêt des patients

Ann Bouard