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Aide financière sous conditions : Sint Maarten rejette en bloc la proposition du gouvernement des Pays-Bas

Par Valérie DAIZEY
15 juillet 2020
Pour faire face à la crise économique et sociale, conséquence de la crise sanitaire, le gouvernement néerlandais a décidé en mai dernier d’accorder à Sint Maarten un prêt sans intérêt de 53 millions de NAF (environ 29.7 Millions de Dollars), dont 24 millions de NAF (13.5M$) ont été débloqués immédiatement et le solde de 29 millions de NAF (16 M$) devait être décaissé en ce mois de juillet, sous réserve de conditions (réductions des salaires dans la fonction publique, augmentation de l’âge de la retraite…), et la création d’une nouvelle entité de surveillance de l’aide financière apportée à Sint Maarten, Curaçao et Aruba.
 
Les documents relatifs la création de cette nouvelle entité devaient parvenir au gouvernement de Sint Maarten le 29 juin dernier. Or, ce n’est que lundi dernier, le 6 juillet, que les ministres ont découvert cet important document de 218 pages, qui devait être approuvé vendredi 10 juillet, date de réunion du Conseil des ministres du Royaume.
Outre ces délais très courts pour étudier un dossier aussi lourd de conséquences pour Sint Maarten, la première ministre Jacobs a déclaré de surcroît que « L'entité va à l'encontre de la constitution et de la volonté du peuple de gouverner ses propres affaires. Le gouvernement néerlandais, de manière indirecte, nous engage sous la contrainte dans un processus sur du long terme. Une fois de plus, nous assistons à une répétition de 2017, où des conditions déraisonnables sont attachées à un prêt si nécessaire à la suite d'une catastrophe ». Le première ministre Jacobs estime qu’à travers cette entité de surveillance telle qu’elle a été présentée dans le document, « les Pays-Bas imposent sournoisement des mesures politiques au gouvernement de Sint Maarten, en dehors de ses pouvoirs, à un moment où le pays et ses habitants sont dans le besoin en raison du ralentissement économique que connaît le monde (…) et le court laps de temps imparti pour son étude empêcherait le Parlement d’exercer pleinement sa mission démocratique (…) ».
 
Passer l’âge de la retraite de 62 à 65 ans
 
Parmi l’une des fortes conditions pour entamer une réforme structurelle à Sint Maarten et être ainsi soutenus par les Pays-Bas : l'élévation de l'âge du départ à la retraite. Alors qu’à Curaçao et Aruba, l’âge du départ à la retraite pour les fonctionnaires est porté à 65 ans, à Sint Maarten, l'âge de la retraite pour les fonctionnaires est toujours 62 ans. Dans le cadre des conditions de la deuxième tranche de soutien financier, Sint Maarten devait s’engager à relever l'âge du départ à la retraite à 65 ans au 1er juillet 2020. Ce qui n’a pas été fait. Le Conseil des ministres du Royaume a donné un ultimatum au 15 juillet pour s’y conformer.
 
Réduction des salaires des membres du gouvernement
 
Une autre condition imposée par les Pays-Bas, la réduction des salaires des membres du gouvernement de Sint Maarten, jugés beaucoup trop élevés, malgré une réduction de 10% mise en vigueur ces derniers mois. En effet, le salaire mensuel d’un ministre du sud de l’île avoisinerait les 11 000 euros (12100 UDS). Sans avoir connaissance du salaire de la première ministre, on imagine toutefois qu’il soit supérieur à celui de ses ministres…
 
Silveria Jacobs parle de système colonisateur
 
La première ministre Silveria Jacobs et ses homologues de Curaçao et d’Aruba se sont rendus au Pays-Bas en fin de semaine pour participer à ce Conseil des ministres du Royaume afin de défendre leur position. A la sortie de ce conseil, et s’exprimant face aux médias, Silveria Jacobs n’a pas hésité à utiliser le terme de « colonisation »: « Nous subissons actuellement des pressions pour revenir à un système qui ressemble à nouveau à la colonisation, cela n’est pas acceptable».
 
Valérie DAIZEY

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