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Crise politique dans la majorité

Crise politique dans la majorité

07 janvier 2022
Stratégie politique ou bien réel ras-le-bol affiché par certains des membres de la majorité ? Quoiqu’il en soit, à 10 semaines des prochaines échéances territoriales, cinq élus de la Team Gibbs, les vice-présidents Yawo Nyuiadzi et Sofia Carti Codrington, la conseillère territoriale et sénatrice Annick Pétrus et les conseillers de la majorité Maud Ascent-Gibs et Roméo Piper ont décidé de quitter leur famille politique pour créer un groupe d’élus au sein de la majorité.
Le dernier conseil territorial de l’année, le dimanche 19 décembre, avait confirmé ce qui se profilait déjà à l’horizon depuis plusieurs semaines : des désaccords devenant profonds entre les membres de la Team Gibbs. Ainsi et en vertu de l’article LO 6321-29 de la loi organique et des articles 28 et 29 du règlement intérieur du Conseil territorial, cinq élus de la majorité ont constitué le 2 janvier 2022 un groupe d’élus dont l’objectif annoncé est la dénonciation du mode de gouvernance déployé par le président Gibbs. Un groupe d’élus dont la création a été validée par la préfecture de Saint-Martin le 4 janvier.
Pour Sofia Carti Codrington, la représentante de ce nouveau groupe d’élus et toujours 3e vice-présidente de l’exécutif, « la Team Gibbs n’existe qu’en apparence, puisque les élus ont depuis le début de la mandature été écartés des responsabilités au sein de la COM. En créant ce groupe d’élus au sein de la majorité, nous souhaitons retrouver notre liberté et réaffirmer notre engagement envers la population ». Une 3e vice-présidente qui a par ailleurs confirmé qu’elle ne briguerait pas de prochain mandat.
Cinq élus « dissidents » qui reprochent au président Gibbs « une gouvernance qui souffre d’opacité et d’un manque de démocratie ». « Il est anormal que nous ne puissions avoir accès, malgré nos incessantes demandes, à certains documents et rapports d’importance, notamment celui rendu par l’Agence Française Anti-Corruption (AFA). Aurait-on des choses à nous cacher ? », insiste la 3e vice-présidente Carti-Codrington. Des propos renchéris par la conseillère et sénatrice Annick Pétrus : « J’ai demandé à deux reprises de pouvoir consulter ce rapport. Ce document est destiné aux élus afin d’entendre les recommandations préconisées par l’AFA et connaître les erreurs à ne pas commettre qui pourraient porter atteinte à la probité. Il m’aurait pourtant été utile de connaître le contenu de ce rapport lorsque j’ai été auditionnée par les enquêteurs pour les affaires des marchés publics de la COM », dénonce-t-elle.
Pas de surprise s’agissant du vice-président Yawo Nyuiadzi, qui avait déjà fait part publiquement au cours du dernier conseil territorial de l’année 2021, de son très net désaccord avec la méthode de travail du président Gibbs : « Mon engagement politique est pour une cause et non pour être derrière un homme », avait-il alors lâché dans l’hémicycle.
En conférence de presse tenue en distanciel mercredi dernier, à laquelle était également présents Bernadette Davis, élue de l’opposition et appartenant au groupe du MPJ de Louis Mussington, ainsi que Steven Patrick, démissionnaire en juin dernier de ses fonctions de vice-président, les cinq élus constituant ce nouveau groupe politique se sont accordés à préciser que « ce groupe d’élus n’était pas un groupe de l’opposition, mais un groupe de travail qui s’est constitué au sein de la majorité, afin de pouvoir travailler en toute liberté ». « Nous sommes contre les oppositions systématiques et nous soutiendrons les décisions et délibérations qui seront en accord avec l’intérêt de la population », ont-ils assuré, en rajoutant que le groupe d’élus était ouvert à tous les conseillers territoriaux, de la majorité comme de l’opposition. Ils entendent terminer le mandat électoral de façon plus démocratique. « Selon notre organisation institutionnelle, le président détient les pleins pouvoirs, mais il doit pouvoir s’appuyer sur l’ensemble des élus qui l’entourent. Je rappelle que quand les protocoles ont été signés avec l’Etat au lendemain d’Irma, aucun élu n’était au courant du contenu de ces protocoles… », a continué Yawo Nyuiadzi.
A la question insistante de savoir pourquoi une telle décision des élus de la majorité à 3 mois de la fin de la mandature, les élus se sont accordés à indiquer qu’avec les différentes crises traversées durant ces 5 dernières années, une crise institutionnelle aurait été dramatique.
« Mais les électeurs ont le droit de savoir aujourd’hui ce qu’il se passe au sein de l’actuelle gouvernance pour faire les bons choix pour l’avenir » a continué le 2e vice-président avant de conclure : « Et mieux vaut tard que jamais ! ».
De son côté, habitué du sempiternel « Tous contre Gibbs », le président Daniel Gibbs reste stoïque face à l’adversité et entend pour l’heure, et contre vents et marées, s’attacher à boucler des dossiers et des programmes avant le terme de son mandat, avec les forces concentrées sur leur mission d’intérêt public.
 
Un exécutif affaibli avec seulement 12 élus solidaires à la Team Gibbs
Avec ce coup de théâtre dans la Team Gibbs, et quoiqu’en disent les élus de ce nouveau groupe qui se targuent de rester dans la majorité, l’exécutif se trouve désormais affaibli dans ses prises de décisions. Rappelons que le Conseil territorial est constitué de 23 élus, dont 18 de la majorité et 5 de l’opposition. Pour que des délibérations soient actées, il faut donc une majorité absolue de 12 voix. Or, sur les 18 élus de la majorité, il n’en restait déjà plus que 17 solidaires ; le 4e vice-président Steven Patrick s’étant déjà désolidarisé de la Team Gibbs en juin 2021 et avait présenté sa démission à ses fonctions de 4e vice-présidence. Il est resté conseiller territorial. Avec la désolidarisation de 5 nouveaux conseillers territoriaux, dont 2 vice-présidents, la Team Gibbs solidaire ne présente plus que 12 membres. Le Groupe d’élus constitué a par ailleurs insisté sur le fait qu’il était ouvert à l’entrée en son sein de tout nouvel élu… Un nouvel élu de la majorité rejoignant ses rangs et la Team Gibbs devient minoritaire.
Une configuration dans l’hémicycle de la salle des délibérations du Conseil territorial qui pourrait devenir compliquée lors de votes de délibérations importantes… A moins qu’aucun conseil territorial ne vienne s’inscrire dans l’agenda des élus avant la date de l’élection fixée au 20 mars 2022…

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