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« Des descendants d'esclaves qui ont une approche de rejet des autres...” :

13 August 2021
Lettre ouverte de Jules Charville au Préfet délégué de St Barthelemy et de St Martin
Non Mr Le Préfet : « Il n’y a ni racisme, ni rejet de l’autre. Et vivre ensemble, en paix et construire notre territoire dans le respect mutuel des valeurs et apports socioculturels et ethniques de chacun ; n’est pas un rêve utopique mais un fait réel ! »
Dans le cadre de la Crise à la Collectivité qui paralyse depuis de très (voire trop) longues semaines le fonctionnement des services et qui cristallise les débats au sein de la population, chacun y met son grain-de-sel selon son humeur, ses ressentis et ses frustrations; car des frustrations, il y en a beaucoup et de part et d’autre (surtout du côté des usagers) !
Lors de votre conférence de presse du vendredi 30 juillet 2021 sur le point sanitaire, vous avez voulu exprimer votre inquiétude quant aux prises de position de plusieurs syndicats dans le cadre de ce conflit. Vous déclariez alors : « Je suis désemparé, inquiet et atterré par celles et ceux qui sont peut-être des descendants d’esclaves et qui ont une approche de rejet des autres. Sur cette terre qui a été très marquée, les comportements dans le rejet des autres pourraient être comparés à une époque tragique de notre histoire... ».
Premièrement, la plupart des saint-martinois de souche ne sont pas « peut-être » des descendants d’esclaves mais « surement » (même dans le lointain), le sont.
Deuxièmement, ce conflit a pris des proportions complètement inattendues tant sur le plan des actions menées sur le terrain par les grévistes que des propos tenus, les déclarations fracassantes et les mots ou expressions prononcés par les deux « camps » ; (celui des syndicats et celui des membres de la majorité territoriale). Et dans un tel contexte, nous nous devons de mesurer raisonnablement la tension qui peut y régner et admettre que bien des mots, des paroles ou encore, des pensées exprimées en pareil cas puissent relever davantage de la colère et des frustrations. Ce que je déplore d’ailleurs.
Troisièmement, vous parlez de « rejet des autres… » et là, j’ai vraiment le sentiment que vous vous êtes trompé de territoire car le seul territoire français d’Outremer qui ouvre aussi grand son cœur (et sans arrière-pensée) à toutes celles et à tous ceux qui le choisissent comme destination, c’est Saint-Martin.
Et enfin, nous sommes ici à Saint-Martin, et nous cherchons à bâtir une société à partir et avec celles et ceux qui depuis de très nombreuses années, ont choisi cette terre pour y vivre, travailler et fonder une famille. Et c’est pour cela que je mets en garde tous ceux qui seraient tentés par un projet sociétal saint-martinois qui serait en rupture avérée avec la tradition républicaine qui lie Citoyenneté, Droit et Devoirs, et qui garantit les conditions du «Bien-Vivre-Ensemble », et du « Bien-Construire Ensemble» qui est un préalable que j’entends défendre de toutes mes forces, et qu’il convient désormais de privilégier dans chacune des décisions et orientations politiques envers et pour la population saint-martinoise dans toutes ses composantes, races et « couleurs ».
 
De plus en plus, à Saint-Martin comme partout ailleurs dans les territoires et régions ultramarins (pas seulement), les questions identitaires prennent des proportions considérables. La notion de l’identité exclusive est progressivement devenue l’un des sujets essentiels à propos duquel chacun, avec une immense passion, a quelque chose à dire ou se croit autorisé à dire des choses avec autorité et conviction. Le principe du « Bien-Vivre-Ensemble », et du « Bien-Construire Ensemble » dont je parle, est bien plus qu'un « simple » ensemble de valeurs ou de compétences professionnelles à unir. Il constitue ce socle sur lequel s'appose chaque identité, individuelle et inamovible, en incluant les origines, les traditions, etc. Et donc, le remettre en question, (soit par opportunisme ou par maladresse), c'est déjà contribuer à sa destruction.
Il n’y a pas si longtemps de cela, vous étiez Mr Le Préfet Serge Gouteyron très élogieux à l’égard de l’accueil que vous avez reçu de la part de l’ensemble de la population de Saint-Martin. Ce n’était pas par pur hasard ou par « un coup de chance » ! Nous sommes ainsi et nous ne changerons pas !
A l’instar des populations de France et de Navarre, nous demeurons soucieux du bien-être qui est nécessaire à chacun au quotidien. Le conflit qui oppose le Président, l’Exécutif de la Collectivité, les agents grévistes et les organismes syndicaux ne peut être de nature à remettre en cause cette notion de « Friendly Island » qui ne cessera de caractériser notre ile.
Et lorsque vous déclariez que « La richesse du pays est de pouvoir fonctionner avec des expériences d’ailleurs », ou encore, que
« Georges Richardson qui est mort pour la France à Bazancourt dans la Marne en 1918 ne comprendrait pas », nous sommes très nombreux à vous répondre que ce n’est pas que là que se situe « la richesse » ni de la France, ni de Saint-Martin. Eh Oui Mr Le Préfet: le Vivre-Ensemble souffre dès lors qu’il est « discuté », controversé, contesté.
 
Une fois n’est pas coutume. Mais au lieu de pointer du doigt et de parler uniquement de sujets qui fâchent, ou encore, de se focaliser sur les affrontements et les oppositions souvent stériles, il me paraît primordial et urgent de mettre nos énergies et notre temps à profit pour la réflexion et le débat d’idées, ensemble, entre personnes de bonne volonté. Il est temps de développer l’ouverture d’esprit, le partage, la solidarité, le respect mutuel, la tolérance, la saine curiosité de l’Autre différent de Soi et de Nous. Je gage que toutes ces valeurs ajoutées les unes aux autres, seront profitables à tous. Nous avons peur de ce que nous ne connaissons pas et mieux se connaître contribue à ne plus avoir peur de la différence mais à l'accepter comme une richesse pour Saint-Martin et pour la France.
Nous pouvons le faire ; Nous devons le faire !
Jules Charville, Conseiller territorial de l’opposition
 

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