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Obligation vaccinale : Nouvelle vague de suspensions des contrats de travail à l’hôpital

Obligation vaccinale : Nouvelle vague de suspensions des contrats de travail à l’hôpital

07 June 2022
Alors que de plus en plus on commence à parler au passé de la crise sanitaire, pour les personnels soignants qui ont refusé de passer par la case vaccination, les conséquences se conjuguent toujours au présent. Une dizaine d’entre eux a encore été sous le joug d’une suspension de contrat, au cours du mois de mai. Des détresses financières et humaines dont plus personne ne parle. Ou presque…
Ils seraient une quarantaine selon le personnel hospitalier, 29 selon la direction de l’hôpital Louis Constant Fleming, à avoir été suspendus, depuis le 15 septembre 2021, date à laquelle la vaccination obligatoire est entrée en vigueur en France. Soutenus par SXM Résistance depuis la première heure, les personnels hospitaliers qui refusent de se plier à cette obligation vaccinale contre le Covid continuent de tenter de se faire entendre et d’expliquer leur détresse qui leur semble désormais se dérouler dans l’indifférence générale. « Des décisions, qui leur ont été notifiées de manière brutale et violente », regrettent-ils et qui ont considérablement bouleversé leur vie. Etat des finances dégradés, santé psychologique frôlant l’état dépressif, et surtout incapacité à se projeter dans l’avenir. Tels sont les états dans lesquels se trouvent aujourd’hui Clarisse, Romaine, Katucia, Justine, Miranda, Tika… et tous les autres. Tous se sont vus notifier leur suspension de leur contrat de travail courant de ce mois de mai, après avoir bénéficié d’un certificat de rétablissement suite à la contraction du virus. Des suspensions qui interdisent toute rémunération, ni donnent droit à aucune aide financière. Trois options sont alors proposées : une demande de mise en disponibilité sans rémunération, une rupture conventionnelle de contrat de travail, ou la vaccination.
 
Informés la veille pour le lendemain
 
Des notifications parvenues la veille pour le lendemain, sans d’autre préavis. Un appel téléphonique, un mail pour dire : « Ne venez plus travailler à compter de demain », déplorent les agents hospitaliers, lesquels, pour la plupart de ceux que nous avons rencontrés, occupent leur fonction depuis deux décennies : 20 ans d’ancienneté pour Clarisse, 26 ans pour Romaine, 21 ans pour Katucia, 19 ans pour Justine et Miranda… Des vies entières bouleversées, dont les conséquences financières pour la vie du foyer sont évidentes. « La directrice de l’hôpital n’a aucune humanité à notre égard. Elle est LA LOI », poursuivent-ils.
« Certains d’entre nous, dont moi, se sont mis en danger en mettant tout en œuvre pour être contaminés par le virus, afin d’obtenir un certificat de rétablissement et reprendre à la suite le travail. Au départ, ces certificats devaient courir pour 6 mois, et la durée a été ramenée à 4 mois », confie Katucia. « Les analyses de sérologie qui indiquent des taux d’anticorps suffisants ne sont pas acceptés, pourquoi ? Chercherait-on à nous remplacer ? Quelles sont les manigances derrière toute cela ? » s’exclame-t-elle.
 
Pour SXM Résistance, le non-sens est total
 
Militants depuis la première heure contre ce qu’ils nomment « l’injection obligatoire », les membres de SXM Résistance apportent leur appui aux personnels soignants et continuent de clamer toute l’irrationalité du système mis en place. « La majeure partie des personnes actuellement malades du Covid ont été injectées. On le sait tous, cette injection ne protège pas contre la maladie, et a contrario diminue les défenses immunitaires. De plus, les personnes injectées sont toujours contagieuses quand elles ont contracté le virus… Comment, par ces suspensions de contrat de travail, peut-on faire subir de telles conséquences inhumaines aux personnes qui refusent cette injection ? » s’exclament Jean-René Logis et Jean-Barry Hodge. « C’est irrationnel et infondé ! ».
 
Le pot de fer contre le pot de terre
 
Quoi qu’il en soit, les personnels suspendus, doivent pour l’heure se rendre à l’évidence. Malgré toute leur argumentation, les contrats de travail sont suspendus et ils ne perçoivent plus de salaire. Clarisse, 61 ans, espère pouvoir faire rapidement ses papiers afin de pouvoir prétendre à ses droits à la retraite. Romaine, Katucia, et Tika nous ont confiés avoir été aidés financièrement par leur famille et leurs proches, mais jusqu’à quand ? Tika, 40ans, qui occupait un poste d’infirmière aux urgences, nous indiquait être à la limite de la dépression : « On a oublié tout notre investissement dans notre métier. Cela a changé mon regard sur le monde et sur cette profession. Nous sommes traités comme des pestiférés, alors qu’en plein crise sanitaire nous étions devenus des héros, nous mettant en danger pour sauver des vies. C’est inhumain… Je suis triste et très en colère. J’ai fait des études d’infirmière, et je dois maintenant me reconvertir ? Vers quoi ? Je suis dans le néant total pour le moment… ».
 
Du côté de la direction, on se justifie
 
Contactée la directrice de l’hôpital, Marie-Antoinette Lampis, nous expliquait être dans son bon droit et écrivait : « En application de la réglementation en vigueur, l’établissement a été contraint de procéder à de nouvelles suspensions d’agents qui n’avaient pas satisfait à l’obligation vaccinale. Ceux-ci avaient en effet bénéficié d’un report de suspension lié à la production d’un certificat de rétablissement, dont la validité arrivait à terme. La durée de validité de ces certificats était en tout état de cause connue de chacun, et a, de plus, donné lieu à des échanges de la part de l’encadrement. Les notifications de ces suspensions ont été faites comme toutes les décisions individuelles, à savoir en main propre, par messagerie et par courrier individuel (…) A ce jour, 29 agents sont suspendus. Aucun d’entre eux, à part évidemment ceux qui ont choisi de changer de carrière, n’ont vu leur emploi supprimé. Pour pallier ces absences, que l’établissement espère temporaire, l’hôpital procède au recrutement de personnels de de remplacement (...)».
 
Petit espoir ou grosse stratégie du candidat Macron à sa réélection ?
 
Pour mémoire, en avril dernier, alors qu’il était en campagne pour sa réélection à la présidence de la France, Emmanuel Macron avait ouvert la porte à la réintégration des soignants non-vaccinés, en cas d’amélioration de la situation épidémique. Mais depuis sa réélection, motus sur le sujet.
En France, ce sont environ 1500 soignants qui n’ont pas apporté la preuve de leur vaccination qui ont été suspendus et ne perçoivent pas de salaire depuis septembre dernier. Avec les certificats de rétablissement qui arrivent à leur terme, une nouvelle vague de suspension pourrait encore avoir lieu.

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