Accueil

La 5G une décision de l’État qui ne fait pas l’unanimité

12 January 2021
La cinquième génération de téléphonie mobile va prendre le relai des réseaux 2G, 3G et 4G. Elle nécessite des installations et de nouvelles bandes fréquences. Chaque passage à une nouvelle génération fait débat et la 5G n’échappe pas à la règle. Entre fake news sur le net, publications officielles et réalité terrain, qu’en est-il vraiment de cette nouvelle technologie et qui décide ?
 
L’Europe a fait le choix de la 5G. Dix-neuf pays européens la commercialisent depuis octobre dernier, et la France fait figure de retardataire. Mais Emmanuel Macron l’a affirmé « La France va prendre le tournant de la 5G » et son déploiement est en marche ! Le gouvernement a d’ailleurs publié en septembre le rapport des quatre inspections (CGED, Igas, IGF, CGE) sur ses aspects techniques et sanitaires. Invoquer le principe de précaution pour bloquer son déploiement « ne permet pas à une autorité publique d’excéder son champ de compétence », selon le Conseil d’État. En clair, les collectivités n’auront que peu, ou pas, de recours.
En 2022, trois mille sites seront déployés, 8000 en 2024, deux-tiers de la population aura accès à la 5G en 2025 et le réseau sera 100% 5G en 2030.

Toujours plus vite
 
La 5G va augmenter les débits (dix fois plus rapide que la 4G) et absorber l’explosion du trafic mobile générée par l’arrivée d’objets connectés de plus en plus nombreux. Dans un avenir pas si lointain, tout ce que l’on utilise au quotidien, depuis les voitures jusqu’à l’électroménager, sera connecté.
Concrètement, le réseau 5G permettra à plus d’utilisateurs de se connecter simultanément tout en conservant une connexion de qualité. Les nouvelles antennes, intelligentes, dirigeront les signaux 5G vers les appareils qui en ont besoin et non plus de manière constante dans toutes les directions. Le déploiement va s’effectuer en plusieurs étapes et dans ce laps de temps la 3G et la 4G vont cohabiter avec la 5G.
 
Ce qu’il faut savoir sur les fréquences
 
L’une des fréquences qui devrait être utilisée pour la 5G, 700 MHz, n’est pas nouvelle. Historiquement, c’est celle de la télévision, qui a été mise à disposition des opérateurs mobiles en 2016. A noter que les opérateurs pour le déploiement de la 4G ont privilégié les bandes de 800Mhz à 1800 MHz et très peu la fréquence 700MHz que la 5G va donc pouvoir récupérer. Cependant, elle bénéficie de deux nouvelles bandes vierges, indispensables pour recevoir les signaux satellites, 3,5 GHz ou 26GHz … mais qui, au niveau des antennes, seront ramenés aux normes en vigueur. Tout cela est très technique, mais ce qu’il faut retenir c’est que la 5G a été conçue comme les technologies mobiles précédentes. Par ailleurs, elle a pour vocation un usage extérieur et le wifi à l’intérieur des bâtiments est sensé prendre le relais avec les mêmes caractéristiques, via la fibre. Une consultation publique est actuellement en cours pour sonder les opérateurs des Antilles-Guyane avant l’attribution des fréquences par l'Arcep. De son côté l’Agence Nationale des Fréquences a la responsabilité de vérifier le respect des normes et a le pouvoir d’éteindre un réseau si ce n’est pas le cas. Cette vérification s’effectue chaque année à Saint-Martin en présence de tous les opérateurs.
 
Les effets sur la santé
 
En France, c’est l’Agence nationale de sécurité sanitaire qui évalue les risques. Elle doit rendre son rapport d’évaluation au cours de ce premier trimestre, soit après l’attribution des fréquences et les premiers déploiements commerciaux. Les différentes agences sanitaires internationales, elles, concluent à l'absence « d'effets néfastes avérés à court terme en dessous des valeurs limites d'exposition recommandées, ni dans le grand public, ni chez les travailleurs ». Selon ces mêmes agences, ce ne sont pas les antennes qui présentent un risque sanitaire mais les objets connectés. Santé Publique France recommande d’ailleurs de téléphoner avec une oreillette, d’éviter les appels en voiture (l’énergie du téléphone est décuplée en cas de déplacement rapide),d’éloigner le téléphone juste après la numérotation et de l’éteindre la nuit (ou le mettre hors de la chambre). Les ondes émises par un téléphone mobile peuvent être néfastes aux personnes qui ont un pace maker par exemple (mais au même titre qu’un micro-ondes).
A ce jour aucune étude poussée ne permet de dire quels seront les effets à long terme, car il n’y a pas assez de recul ne serait-ce que sur la 4G. La vraie question qui se pose : est-ce que l’on sacrifierait notre confort quotidien au profit de notre santé ?
 
La multiplication des antennes à Saint-Martin
 
La multiplication des antennes sur le territoire fait elle aussi débat. Après les copropriétaires d’Orient Bay, suite à l’implantation d’une antenne UTS posée sur un container en surplomb de la plage l’année dernière et plus récemment d’une autre en bord de route, ce sont aujourd’hui les habitants de Quartier d’Orléans qui s’inquiètent de l’arrivée d’un nouveau pylône. Une de leur représentante a d’ailleurs remis un courrier au Ministre des Outre-mer lors de son passage sur l’île, pour dénoncer leur nombre trop important et lui notifier le refus de la population de voir s’en implanter de nouvelles.
 
A Quartier d’Orléans
 
Le nouveau pylône doit être implanté par TDF (historiquement ORTF). Une consultation publique a été mise en ligne dès avril 2020 sur le site de la Collectivité pour informer la population qui pouvait consulter l’ensemble du dossier et faire ses remarques. Cédric Salort, délégué territorial Antilles-Guyane ne comprend donc pas cette opposition d’autant que ce pylône est destiné à plusieurs opérateurs dont Madiacom (qui réunit Digicel et Free) et Dauphin. Il explique que les pylônes actuels ont été construits après Irma, pour une utilisation temporaire, afin de rétablir au plus vite les connections, et ce dans l’attente de nouvelles structures, plus pérennes. Ils vont donc être détruits dès la mise en fonction du pylône TDF, à l’exception de celui d’Orange et éventuellement celui d’UTS.
 
A la Baie Orientale
 
Le nouveau pylône de 20m construit sur la RN7 entre les jardins et le parc de la Baie Orientale constitue lui une avancée technologique. C’est le premier pylône de catégorie 6 explique Eve Riboud, directrice générale de Dauphin Télécom. Conçu et construit avec des matériaux de sociétés françaises, il est prévu pour résister à des vents de 300 km/h (250 maxi pour les catégorie 5). En parrallèle, TDF est mandaté par les autres opérateurs pour la construction d’une autre antenne à la Baie Orientale … qui devrait aussi permettre, à terme, de détruire les antennes existantes. De son côté, Orange étudie l’amélioration de la couverture de cette zone et n’exlcue pas un partenariat avec Dauphin pour utiliser son pylone. L’incertitude demeure pour celle de l’opérateur néerlandais UTS qui ne s’est pas prononcé sur le sujet.
 
Sur toute la partie française
 
Les opérateurs sont soumis à un dépôt de permis de construire qui doit être validé par le service urbanisme de la Collectivité et à une autorisation de fréquence délivrée par l’ANFR. Le positionnement des antennes s’effectue à partir des données de logiciels cartographiques qui déterminent l’emplacement exact pour assurer une couverture maximale et cela peut se jouer à quelques mètres près. Ainsi les antennes sont implantées à proximité des zones urbaines parce que la demande y est plus forte. Plus l’antenne est loin des utilisateurs de mobiles plus les téléphones vont dégager de l’énergie et être nocifs.
La volonté politique de TDF et de tous les opérateurs français de l’île, est de mutualiser les pylônes pour éviter leur multiplication. Seul inconvénient de la mutualisation, la hauteur des antennes. Il faut pour chaque opérateur, cinq mètres sans compter les huit mètres de surélévation au sol, soit pour cinq opérateur un pylône de 33 mètres. A ce jour, le plus haut sur l’île est celui de Pic Paradis (70m). Construit il y a quarante ans, il est considéré comme pylône dit
« essentiel ». Il est en effet vital pour Saint-Martin et Saint Barthélemy, pour toutes les communication de tous les services de sécurité dont le Cross Antilles Guyane (sauvetage en mer), de la Croix Rouge, de la gendarmerie, etc.
On l’aura compris la 5G présente tout à la fois de nombreux avantages mais aussi des désagréments dans le paysage et des incertitudes quant à ses effets … cependant, la société actuelle a besoin d’être connectée et l’on connait peu de personnes qui accepterait de se passer de leur poste de télévision, de leur tablette et plus encore de leur téléphone mobile. La 5G devrait être présente sur l’île en 2023. La commission numérique se réunira vendredi prochain à Saint-Martin pour faire le point sur le déploiement de la fibre optique, mais gageons que la 5G devrait s’inviter à l’ordre du jour … à suivre. 
 

By continuing your visit to this site, you accept the use cookies to make statistics of visits.