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Jeux de ping-pong avec l’Etat

08 September 2020
Les dissensions entre la représentation locale de l'Etat et la Collectivité ou encore des collectifs de professionnels ou de citoyens se font de plus en plus ressentir. Le sujet de la discorde est encore et toujours le contrôle de la circulation des populations entre le nord et le sud de l’île. Des discordes qui se règlent à coups de droits de réponse dans la presse et sur les réseaux sociaux. La balle est à ceux qui auront le dernier mot.
 
La balle dans le camp de la COM
 
Un premier droit de réponse de la préfecture est parvenu dans les rédactions concernant un communiqué diffusé par la Collectivité, qui faisait suite à une réunion tenue en préfecture le jour de la rentrée scolaire, mardi 1er septembre, réunissant les représentants de la Collectivité et son président, ceux de l’ARS, de la gendarmerie et le secrétaire général de la préfecture, la préfète étant absente de l’île. Le président Gibbs a, au cours de cette réunion, souhaité une nouvelle fois tirer la sonnette d’alarme au regard des graves conséquences économiques et sociales du contrôle opéré aux frontières et a évoqué la situation des élèves non autorisés à se rendre à l’école.
Abordant le sujet des conséquences économiques pout toute l’île de la fermeture de la frontière, le président Gibbs a une nouvelle fois insisté sur la cruelle nécessité d’aborder la crise sanitaire d’un point de vue global sur l’île, avec « des protocoles sanitaires conjoints permettant de rouvrir les frontières et de reprendre progressivement un fonctionnement général à l’échelle de l’île ». L’exécutif local a également abordé la possibilité pour la collectivité de demander une dérogation à l’Etat, comme Saint-Barthélemy l’a fait, afin d’accueillir les ressortissants américains (USA) sur son sol, au même titre que la collectivité de Saint-Barthélemy qui bénéficie de cette dérogation ». Enfin, les élus locaux ont demandé à l’Etat de se prononcer dans les meilleurs délais sur la date de réouverture de la frontière, afin que les tours opérateurs touristiques puissent travailler en conséquence. Le communiqué de la Collectivité concluait par cette phrase : « La préfecture s’est engagée à étudier les propositions avancées par la Collectivité et ses élus ».
 
Rebond dans le camp de la préfecture
 
Une dernière petite phrase qui n’a pas paru plaire aux instances locales d’Etat, qui ripostaient immédiatement en adressant un droit de réponse venant insister sur « la position de l’Etat » sur ces sujets et rappeler les raisons sanitaires qui ont imposé ce contrôle des frontières, d’autant plus que le territoire est inscrit depuis le 27 août dernier sur la liste rouge des territoires où circule le virus. Et d’insister sur le fait que « les chiffres de contamination sont en augmentation constante depuis le début du déconfinement et situent proportionnellement le territoire de Saint-Martin parmi les plus touchés au niveau national ».
Un droit de réponse s’appuiyant également sur les précisions apportées par la directrice de l’hôpital de Saint-Martin affirmant que le centre hospitalier se trouve actuellement sous tension, eu égard à son nombre limité de lits. La préfecture indique qu’elle s'associe au souhait des élus de la collectivité de retrouver rapidement des conditions propres à une vie sociale et économique normalisée, au travers de l'arrêt des contrôles aux frontières, et rappelle que cet objectif est sous-tendu à une évolution positive de la situation sanitaire », indiquant par-là que la condition pour la fin des contrôles à la frontière sera suspendue à une amélioration sanitaire du territoire. Et ce droit de réponse de la préfecture de conclure : « C'est par un engagement civique commun contre le virus que nous pourrons venir à bout de cette épidémie et relancer l'économie du territoire ».
 
Second match avec un collectif de médecins
 
Un collectif composé de quinze médecins de ville montait également au créneau dans le courant de la semaine dernière, mettant en exergue les mauvaises raisons, selon lui, qui ont provoqué cette décision de fermeture de la frontière, des raisons qui seraient plus politiques que médicales, et impliqueraient une forte paupérisation de la population. Et d’indiquer : « Si nous, médecins de l’ile, n’avons pas le pouvoir de faire cesser la fermeture des frontières, nous avons le devoir de prévenir la population que ceci n’a rien à voir avec des mesures médicales utiles dans l’état actuel de la pandémie (…) ».
 
Retour dans le camp de la préfecture
 
Suite à ce coup lâché par cette quinzaine de médecins, la préfecture rebondit et remet à nouveau au premier plan la situation sanitaire : « L’inflation des cas de COVID depuis près de 2 mois (153 actifs à la date du 4 septembre) impacte considérablement le Centre Hospitalier Louis Constant Flemming et l’activité du personnel soignant. 15 patients porteurs du virus sont hospitalisés. En trois semaines, trois patients supplémentaires sont décédés du covid-19 portant le nombre total à sept depuis le 1er mars. Une partie significative des lits du service de réanimation de l’hôpital de Guadeloupe est occupée par des personnes originaires de Saint-Martin, situation très anormale compte-tenu de la population respective des deux îles. Le Centre Hospitalier Louis Constant Flemming est en tension face à la vague de contaminations actuelle. Les activités de l’unité de médecine et de l’unité de chirurgie ont dû être arrêtées pour augmenter la capacité d’accueil de l’unité covid (de 8 à 24 lits) (…)
Des personnels de l’hôpital ont été contaminés (11 au total) et 4 cas sont encore actifs (…)
La Préfecture déléguée, en lien avec le Ministère des Outre-mer, maintient le contrôle aux frontières pour endiguer l’épidémie et protéger notre système de santé. Le brassage de populations est le vecteur principal de transmission du virus. La réouverture prématurée des frontières entrainerait de facto une reprise épidémique annihilant nos efforts (…) La Préfecture s’étonne que certains médecins de l’île, pourtant au plus près des patients, ne s’alarment pas d’une situation qu’ils ont pourtant, au début de la crise, contribué à dénoncer dans d’autres articles », précise le droit de réponse de la préfecture.
 
Le collectif de médecins déclare forfait
 
A la suite de la réception de ce droit de réponse, le Collectif des médecins a fait savoir qu’il ne répondrait pas. Le docteur Marc Thibaut, l’un des membres du Collectif de médecins, écrivait sur sa page Facebook : « Nous avons discuté entre médecins signataires et nous ne répondrons pas à la réponse de la Préfecture. Nous sommes au service de nos patients, pas en guerre ». 
 

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