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Haïti, le chaos s’intensifie ; l’ONU tire la sonnette d’alarme

Haïti, le chaos s’intensifie ; l’ONU tire la sonnette d’alarme

05 May 2023

Dans un rapport publié le 24 avril dernier, l’ONU alarme la communauté internationale sur l’augmentation des violences ces derniers mois à Haïti. Et dans un nouveau rapport publié mercredi dernier, l’organisation internationale exhorte les pays d’Amérique et des Caraïbes à ne pas expulser collectivement les Haïtiens.

Haïti est plongé depuis de longs mois dans un chaos intense. Une guerre sans nom dans un Etat dans Etat, mais dont les violences et les exactions sont si fortes qu’elles sont aujourd’hui dignes d’un « conflit-armé ». Plus rien n’est sous contrôle. Les populations sont asphyxiées par les violences quotidiennes : Homicides, règlements de compte, kidnapping, viols, pillages perpétrés par les gangs…

UNE INTERVENTION ÉTRANGÈRE NON DÉSIRÉE

Suite à un appel à l’aide formulé par le 1er ministre haïtien par intérim, Ariel Henry, pour lutter contre les bandes armées criminelles, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, réclamait déjà en octobre dernier l'envoi par la communauté internationale de troupes pour soutenir Haïti. Une demande d’intervention étrangère qui n’a pas trouvé d’écho sur la scène internationale. Et de surcroît, la population semble y être fermement opposée, gardant en souvenir la dernière intervention des Casques bleus entre 2010 et 2017 qui fut éclaboussée par plusieurs scandales et surtout par l’introduction de l’épidémie de choléra qui avait sévi jusqu'en 2019, faisant plus de 10 000 morts.

LA CAPITALE PORT AU PRINCE CONTRÔLÉE À 80% PAR DES GANGS

Dans son rapport publié fin avril, l’ONU faisait état pour le premier trimestre de cette année d’une augmentation de 21% des homicides et de 63% des kidnappings par rapport à la même période de l’année 2022. Selon l’ONU, plus de 600 personnes auraient trouvé la mort depuis le début de l’année et la capitale Port-au-Prince serait contrôlée à 80% par des centaines de gangs. Face à l’absence de protection, les populations s’arment et se défendent elles-mêmes, venant encore amplifier les phénomènes de violence.

Les écoles, les commerces sont fermés. Le ravitaillement en denrée alimentaires et en produits du quotidien est entravé par le blocage des terminaux pétroliers, exacerbant la flambée des prix du carburant et de tout autre produit. Alors que la situation sanitaire fait poindre une nouvelle épidémie de choléra, l’accès aux soins est également de plus en plus compromis ; les hôpitaux étant pour leur majorité sous le contrôle de bandes armées.

L’ONU EXHORTE LES ETATS D’AMÉRIQUE ET DES CARAÏBES À SUSPENDRE LES EXPULSIONS COLLECTIVES

Un état chaotique et d’horreur qui induit une émigration massive et des milliers d’haïtiens tentent chaque jour de rejoindre des pays en paix pour y reconstruire une vie meilleure. Près de 130 000 personnes auraient choisi de fuir la capitale ces derniers mois, se retrouvant entassées dans des camps qui ne cessent de se multiplier. D’autres choisissent les voies de l’exil en empruntant les filières d’émigration clandestines, tout aussi mafieuses et souvent au dépens de leur vie. Toutefois, les pays « d’accueil » ne l’entendent pas de la sorte et procèdent à des retours forcés. Dans un nouveau rapport publié mercredi, l’ONU indique que sur les trois premiers mois de l’année, 36 000 personnes d’origine haïtienne auraient été déportées, dont 90% depuis la République Dominicaine. Des expulsions collectives sans évaluation appropriée des besoins de protection de chaque cas individuel. L’ONU pointe ainsi du doigt le sort des femmes enceintes, des nouveau-nés, des enfants non accompagnés ou des victimes de la traite des êtres humains. Le rapport précise que « compte tenu de la situation désastreuse en Haïti, qui ne permet pas actuellement un retour sûr et digne des Haïtiens dans le pays, le Comité a demandé qu’il soit mis fin aux expulsions collectives des Haïtiens en déplacement ».

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