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Covid-19 : un guadeloupéen a mis 22 jours pour rentrer !

11 September 2020
Thierry, un jeune guadeloupéen, a vécu une véritable galère pour pouvoir rentrer au pays. Testé à plusieurs reprises positif au Covid-19, il a été littéralement laissé pour compte, à Paris, loin de chez lui et sans possibilité d'hébergement. Il a dû faire des pieds et de mains pour faire entendre sa situation auprès des pouvoirs publics. Le jeune homme a souhaité rendre publique son histoire afin qu’elle puisse servir à d’autres et mette en exergue l’absurdité de la situation. Retour sur son périple.
 
Thierry, un jeune homme guadeloupéen chef d’entreprise était parti en mission humanitaire en Afrique pour 2 semaines. De retour à Paris le 16 août, il se fait tester au Covid dans le laboratoire d’Orly, afin de pouvoir reprendre un vol vers Pointe-à-Pitre le 18 août. Sans avoir reçu les résultats de ce premier test, malgré son insistance à tenter de joindre le laboratoire, il n’est pas autorisé à prendre son vol affrété par la compagnie Corsair. L’avion part sans lui. Il se rend alors au laboratoire qui doit lui délivrer ses résultats, et là, le couperet tombe, il est positif. Sans pourtant ne ressentir aucun symptôme de la maladie, Thierry accepte son sort et prend une chambre d’hôtel a proximité de l’aéroport d’Orly, pour une première nuit. Il tente de contacter différents organismes, à Paris et en Guadeloupe, afin d’obtenir une prise en charge des frais occasionnés par sa situation de mise en quatorzaine. La préfecture du Val de Marne accepte de prendre en charge ses frais d’hébergement pour une période de 7 jours, mais il doit se rendre dans un autre hôtel qui l’oblige à traverser Paris.
 
Testé positif au Covid, on le laisse dans la rue
 
« C’est incroyable, je suis positif au Covid, et on me demande de traverser tout Paris pour me rendre dans un autre hébergement ! J’y suis allé en empruntant les transports en commun, car le prix des courses en taxis à Paris est très élevé ». Thierry, ne ressentant vraiment aucun symptôme de la maladie, retourne se faire tester à l’aéroport d’Orly (les tests sont gratuits), le 20 août. Les résultats sont encore positifs. Il récidive le 24, puis le 27 août : résultats toujours positifs. Cette même journée du 27 août, la préfecture du Val de Marne lui indique que la prise en charge pour 7 jours de son hébergement arrive à son terme et qu’il doit quitter la chambre d’hôtel. Thierry se demande alors où il va pouvoir être hébergé « Quand on est testé positif, on devient des pestiférés, la famille, les amis, craignent de vous recevoir », témoigne-t-il.
 
Diffusée sur les réseaux sociaux l’histoire dérange
 
Il passe la nuit du 27 au 28 août à l’aérogare d’Orly, et constate que d’autres personnes sont dans le même cas. Des personnes, françaises ou pas, domiennes ou pas, mais toutes qui doivent prendre l’avion pour rentrer chez elles. Indigné par cette situation « dans laquelle nous met le gouvernement », Thierry commence à diffuser sur les réseaux sociaux son histoire. Très rapidement suivie par des milliers de followers, cette histoire commence à déranger… Il décide toutefois de prendre à ses frais 7 nouvelles nuits d’hôtel a proximité de l’aéroport, du 28 août au 2 septembre. Se demandant par ailleurs si les résultats de tous les tests déjà effectués sont fiables, il décide d’aller faire un nouveau test dans un autre laboratoire, le 1er septembre : encore positif. Il y retourne le 2 septembre : toujours positif. Sa page Facebook devient rapidement un journal ouvert quotidien rapportant ses mésaventures du jour. Il est recontacté le 2 septembre par la préfecture du Val de Marne qui lui indique vouloir l’aider en reprenant à sa charge 7 nouvelles nuits d’hôtel, soit jusqu’au 9 septembre. La préfecture lui indique par ailleurs que 14 jours se sont écoulés depuis son premier test réalisé le 18 août et qu’il n’est de toute façon plus contagieux.
 
« J’ai été black-listé par Corsair »
 
Thierry retourne alors à l’aéroport pour faire modifier son billet auprès de la compagnie Corsair, afin de ne pas le perdre. Les employés de la compagnie aérienne auraient alors eu à son égard un comportement irrespectueux, en lui demandant de sortir des locaux. Le billet d’avion de Thierry reste encore ouvert pendant quelques jours. C’est lundi 7 septembre dernier que Thierry réalise un nouveau test qui s’avère enfin négatif. Un résultat confirmé le lendemain par un nouveau test. Ce sésame en poche, il se rend à l’aéroport d’Orly pour modifier son billet auprès de Corsair et prendre enfin son vol pour Pointe-à-Pitre, on est le mercredi 9 septembre. Et là, la direction de Corsair lui aurait indiqué avoir porté plainte contre lui, l’avoir black-listé comme client. « Après tergiversations et autres explications, Corsair m’a finalement demandé de régler 150 euros de pénalités pour modifier mon billet et enfin prendre mon vol. J’ai payé, mais je les ai informés que dès mon arrivée en Guadeloupe, je mettrai tout cela entre les mains d’un avocat. », nous indique-t-il.
 
Une mésaventure qui devrait être mise devant la justice
 
Et de conclure : « C’est juste incroyable que l’Etat français, par ses lois et ses règlements nous interdit de prendre un vol, de voyager, nous met dans des situations totalement indignes, tout cela à nos frais, puisqu’ils nous laissent dans la rue, alors que nous sommes soi-disant dangereux car contagieux ! Je suis chef d’entreprise et j’ai perdu 22 jours d’exploitation de mon activité, alors que jamais je ne me suis senti malade ». Thierry n'entend pas que cette mésaventure, qui lui aura tout de même coûté plus de 1000 euros de sa poche, s’arrête là, et il compte la mettre entre les mains de la justice. 
 

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