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Approvisionnement en eau potable : une gestion de crise et d’urgence

Approvisionnement en eau potable : une gestion de crise et d’urgence

17 March 2023

Depuis le mois de décembre dernier, les abonnés de la SAUR vivent au rythme des coupures intempestives de l’approvisionnement en eau. Des coupures prévisibles dictées par des tours d’eau programmés, et d’autres imprévues, conséquence de casses, d'épisodes de houle du nord et de certains comportements dénués de sens civique. Explications.  

LE SERPENT QUI SE MORD LA QUEUE

Depuis l’épisode de forte houle du nord courant décembre dernier, la SAUR n’a pas réussi à reconstituer les stocks d’eau nécessaires dans les différents réservoirs pour alimenter en continu la population abonnée du nord de l’île. A ce premier phénomène sont venus s’ajouter une casse de pompe sur le procédé d’osmose inverse, des casses récurrentes sur le réseau de canalisation et un nouvel épisode de houle de nord ces derniers jours. « L’eau qui est produite est systématiquement distribuée et la gestion actuellement se fait heure par heure », confie Mélissa Nicolas, directrice territoriale de la SAUR. En effet, avec la saison touristique qui bat son plein, la consommation d’eau tirée quotidiennement au robinet reste supérieure à la production, de quelques centaines de mètres cubes certes, mais suffisamment pour impacter considérablement les abonnés, par des tours d’eau imposés ou encore des coupures plusieurs jours d’affilé, notamment les week-end. Procédant pourtant ces derniers jours au changement de membranes sur les files de production, parvenant ainsi à optimiser la productivité de l’eau pompée en mer, la SAUR est parvenue à augmenter sensiblement la capacité de production, la passant 6700m/jour à 7000 m3/j. Mais une capacité de production qui reste toujours insuffisante, la consommation journalière étant pour l’heure d’environ 7200m3/j, tant pour alimenter les abonnés que pour constituer des stocks dans les réservoirs. Une gestion à flux tendus qui impose donc automatiquement l’arrêt de l’usine dès qu’un problème se pose, imposant des réparations. Comme les réservoirs sont vides, fatalement le débit est arrêté. Et les réparations sont monnaie courante avec le réseau de canalisation vétuste qui casse sous l’effet de la pression démultipliée pendant la remise en eau… Bref, un véritable serpent qui se mord la queue.

DES RÉACTIONS HUMAINES COMPRÉHENSIBLES, D’AUTRES QUI LE SONT MOINS…

Une situation très compliquée à gérer et qui est de surcroît exacerbée par des réactions compréhensibles, et d’autres qui le sont moins. En effet, dès que l’eau réapparaît au robinet, les abonnés s’empressent de faire des réserves afin de pallier les épisodes de coupures, ce qui reste en soi compréhensible. Ce qui l’est moins, c’est ce qui a été observé dernièrement, où dès que l’eau est revenue, des copropriétés peu scrupuleuses, ont opéré au remplissage de piscines très volumineuses, tout juste achevées d’être construites, puisant alors tout le flux qui était destinée aux quartiers les plus éloignés, Anse Marcel, Quartier d’Orléans et Oyster Pond. Des comportements impossibles à prendre en compte dans la gestion en amont.

LES TOURS D’EAU VONT PERDURER LA NUIT…

Afin de reconstituer les stocks, la SAUR se trouve dans l’obligation de faire perdurer les tours d’eau la nuit, entre 21 heures et 6 heures dans les quartiers résidentiels, et ce pour une période dont le terme n’est pas communiqué. Et les week-ends, les coupures risquent d’être plus longues dans les quartiers résidentiels. Dans les zones dites « touristiques » (Front de mer de Marigot, Grand Case, Baie Orientale), la SAUR fait en sorte de ne couper qu’à compter de 23 heures. « C’est la seule solution actuellement pour reconstituer les réserves d’eau et ne pas être dans l’obligation de couper toute la distribution au moindre problème qui surviendrait encore », continue la directrice territoriale, précisant encore qu’au moindre grain de sable qui vient enrayer la machine, les coupures restent inévitables...

QUID DES INVESTISSEMENTS ?

« Sans la construction d’une 4e file de production à l’usine de production d’eau potable (UPEP) qui nous permettrait d’augmenter de 3000m3 la production journalière, la situation reste très tendue. Il faudrait également pouvoir mieux sectoriser la distribution, avec a minima la construction d’un nouveau réservoir dans l’est de l’île. Tout cela est à l’étude », confirme Mélissa Nicolas.

Des investissements dont la question se pose de savoir pour quelle raison ils n’ont pas été déjà réalisés, devant une situation qui ne fait que s’aggraver depuis plusieurs années, et pour lesquels des fonds de financement existent, notamment dans le cadre des fonds européens…

Pour mémoire, la SAUR est délégataire de service public depuis décembre 2018 pour la Collectivité au travers de son établissement EEASM. Si la SAUR est en première ligne face aux abonnés qui estiment, avec raison, que le service public n’est pas honoré, elle devient un exutoire pour l'ensemble des mécontentements des abonnés. Pour autant, les investissements à réaliser, tant pour améliorer la performance de l’usine de production que pour réhabiliter les réseaux de canalisation sur les secteurs publics, incombent pourtant bien à la Collectivité, via son établissement des eaux et de l’assainissement, l’EEASM.   

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