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Une visite ministérielle sous tensions

Une visite ministérielle sous tensions

15 April 2019
Venue pour tenter d’apaiser les tensions palpables depuis plusieurs semaines entre l’Etat et la Collectivité, la visite du week-end dernier de la Ministre des Outre-mer, Annick Girardin, a par ailleurs été en partie rythmée par d’autres tensions, celles des actions menées par les manifestants du Collectif syndical, en grève illimité depuis le jeudi 11 avril dernier.

 

LA COLÈRE DES MANIFESTANTS D’AVOIR ÉTÉ TROMPÉS

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Samedi, dès 12 heures, les manifestants se rassemblaient devant l'Hôtel de la Collectivité, et attendaient la ministre pour lui demander audience.

Le programme de la visite ministérielle annonçait une première réunion dès son arrivée, samedi vers 14h30, à l’Hôtel de la Collectivité. Le collectif syndical avait fait un appel à un rassemblement en ce même lieu, dès midi, et avait pour objectif d’obtenir une audience avec la ministre afin de lui évoquer les difficultés rencontrées par les saint-martinois, 18 mois après le passage de l’ouragan Irma, ainsi que des injustices dont ils estiment être victimes. Or, peu avant 15 heures, un changement de programme a été opéré en catimini et la réunion prévue avec le président Gibbs a été déplacée au port de Galisbay. Le président Gibbs précisera sur ce point  que le port, véritable outil de développement  économique de l'île, méritait de recevoir cette réunion avec la ministre... La délégation ministérielle s’est donc rendue directement à Galisbay sans passer par l’Hôtel de la Collectivité. Se sentant floués, voire dérespectés, les manifestants ont voulu rejoindre le port de Galisbay. Ils ont été bloqués par les forces de l’ordre postées au niveau du rond-point d’Agrément, et empêchant quiconque d’emprunter la route du port, à l’exception des camions allant livrer ou chercher des chargements. 

JETS DE GAZ, RIPOSTE PAR JETS DE PIERRES

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Echauffourées entre manifestants et forces de l'ordre

La colère montant, les manifestants ont tenté de monter à bord des camions autorisés à se diriger vers le port. Après avoir parlementé en vain pour déloger les manifestants des camions, les gendarmes ont averti qu’ils allaient employer la force. Ce qu’ils ont fait en utilisant des bombes lacrymogènes pour disperser la population. La riposte ne s’est pas fait attendre : les manifestants ont jeté sur les forces de l’ordre roches et autres bouteilles en verre. Malgré la violence soudaine de ces actes, aucun blessé n’a été à déplorer. 

LA MINISTRE ACCEPTE DE RENCONTRER UNE DÉLÉGATION SYNDICALE

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Annick Girardin est allée à la rencontre des manifestants et leur propose une audience pour le lendemain, dimanche après-midi.

A l’issue de la réunion qui a eu lieu au port et qui se trouve dans une impasse de route, les délégations ministérielle et de la Collectivité ont dû réemprunter le rond-point d’Agrément pour se rendre ensuite en préfecture. La ministre est sortie de son véhicule et est allée à la rencontre des manifestants toujours postés sur le rond-point. Lenny Mussington, du Collectif Soualiga United a, au nom de l’ensemble des syndicats représentés, demandé une audience à la ministre qu’elle leur a accordée.
Toutefois, Annick Girardin a bien précisé qu’elle n’aborderait pas le sujet du conflit avec la CTOS, qui est un sujet qui concerne la Collectivité et doit être traité localement. Le rendez-vous a été pris pour le lendemain, dimanche, au restaurant Chez Maggy, à Hope Estate. 

LA MINISTRE REFUSE DE RENCONTRER NESTORIUS FAVEL, DE L’UGTG GUADELOUPE

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La ministre a refusé que parmi les personnes de la délégation figure le secrétaire général adjoint de l'UGTG, Nestorius Favel, résidant en Guadeloupe.

Le Collectif syndical a soumis une liste de personnes composant la délégation qui devait être reçue par la ministre. « Nous avons choisi une personne pour chaque organisation syndicale », précisait Lenny Mussington. Parmi ces personnes, Nestorius Favel, secrétaire général adjoint de l’UGTG.
Au moment de recevoir la délégation, la ministre a indiqué refuser de recevoir le secrétaire général adjoint de l’UGTG, Nestorius Favel, qui réside en Guadeloupe: "Je ne suis pas ici, à Saint-Martin, pour rencontrer les syndicalistes guadeloupéens. J’ai accepté de recevoir une délégation saint-martinoise afin qu’ils m’exposent les difficultés rencontrées localement. » 
La ministre reçoit une délégation dont les membres ne sont pas des manifestants de l’intersyndicale
C’est du coup l’ensemble de la délégation définie qui a refusé de venir rencontrer la ministre. Annick Girardin a reçu en revanche le représentant du quartier de Sandy Ground, Cédric André, également représentant du « Mouvement du Peuple Saint-martinois ». Ce sont également Luc Wellington, Kati Africa, Albert Blake et Bérénice Babot, de différents collectifs locaux qui ont été reçus par la ministre pour débattre des sujets qui touchent la société saint-martinoise.
Les manifestants se sont sentis pour la seconde fois durant ces deux jours, bafoués et mis de côté : « Ce n’est pas à la ministre de nous dicter ce que nous avons à faire. Notre collectif avait choisi sa délégation, et nous considérons que c’est de la ségrégation d’avoir refusé de nous rencontrer sous prétexte qu’il y avait parmi nous Nestorius Favel », indiquait Lenny Mussington en cette fin d’après-midi de dimanche. Et de conclure : « Nous allons nous consulter et prendre les dispositions qui s’imposent désormais… On ne va pas vers le dialogue à Saint-Martin ! ». 

« J’AI QUITTÉ LE COLLECTIF SOUALIGA UNITED QUI EST DEVENU UN MOUVEMENT POLITIQUE »

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La délégation finalement reçue par la ministre était composée de personnes non signataires du préavis de grève déposé par l'Intersyndicale.

Quant à la délégation reçue, ses 5 membres estiment avoir fait passer le message souhaité par tous à la ministre : « Nous avons reçu une écoute attentive de la part de la ministre et avons abordé les sujets des plages, du développement de l’agriculture, de la santé, de l’éducation, des 50 pas géométriques, des titres de propriété… C’est le message que voulait porter le collectif syndical, et nous l’avons fait ! », indiquait Cédric André, au sortir de la rencontre.
Quant à Luc Wellington, il a clamé haut et fort : « Nous avons exposé à la ministre les déséquilibres que nous subissons du fait des lois qui sont appliquées sans tenir compte de nos réalités, de notre histoire, de notre culture. J’ai décidé de quitter Soualiga United qui était apolitique et qui est aujourd’hui devenu un mouvement politique. Et mes amis saint-martinois peuvent m’en vouloir, mais je suis dans un état d’esprit de liberté. S’ils veulent être fâchés avec moi, cela les concerne, mais qu’ils sachent que dans ce que j’ai exposé à la ministre, je n’ai cherché que le bien-être des saint-martinois ». 

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