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Semsamar: vers une nouvelle gouvernance

06 December 2018
Entre rumeurs et discussions de couloirs, un fait reste certain, c’est qu’il se passe quelque chose dans les méandres de l’une des plus puissantes Société d’Economie Mixte françaises, la Semsamar, dont la Collectivité de Saint-Martin détient 51% des actions, et des décideurs politiques.

Le blog guadeloupéen Carib Créol News (CCN), connu pour son tempérament « anticolonialiste et anti pouvoir franco-macronien » se donne à cœur joie d’alimenter ces rumeurs en diffusant massivement sur les réseaux sociaux son analyse sur la situation de la Semsamar. Mais comme dit le dicton, il n’y a pas de fumée sans feu… 
Et alors que Yawo Nyuiadzi, actuel président de la Semsamar et 2e vice-président de la Collectivité, annonçait en octobre dernier que « la révocation de Marie-Paule Bélénus-Romana à la direction générale de la Semsamar n’était pas à l’ordre du jour du Conseil d’administration (CA) qui se tenait ce mois-ci », il se pourrait bien que ce sujet soit à l’ordre du jour du prochain CA de la Sem, programmé pour le 18 décembre prochain. Ou tout du moins la nomination d’un président directeur général qui prendrait les commandes de la Sem, comme l’y autorisent ses statuts, au lieu d’un côté un président et de l’autre, une direction générale. Une décision qui néanmoins n'empêcherait pas la création d'un poste de directeur général adjoint. Pour ce faire, la Collectivité qui est actionnaire à 51% de la SEM, prévoirait de mettre à l’ordre du jour de son prochain conseil territorial qui se tiendra jeudi 13 décembre prochain, un point sur l’évolution de la gouvernance de la Semsamar.  Et la personne pressentie pour prendre cette Présidence Direction Générale, serait Yawo Nyuiadzi.  Contacté par téléphone, le président de la Semsamar ne confirmait ni n’infirmait cette information, évoquant seulement la volonté de la Collectivité de bousculer un fonctionnement mis en place de longue date par la Semsamar où « la COM de Saint-Martin doit retrouver ses marques ». 

QUEL RÔLE JOUE L’ETAT FRANÇAIS ?

Des propos qui font échos à ceux prononcés par le Président Macron, lors de sa venue sur nos terres fin septembre dernier, où en conférence de presse le chef de l’Etat indiquait clairement garder la Semsamar dans son collimateur et celui de la justice, pour mettre fin « à toutes ces pratiques anciennes de clientélisme et de mauvaises gestions, voire de corruptions…, dont a hérité la Collectivité ». Emmanuel Macron insistait : « Ensemble nous allons relever le défi et corriger les errements du passé et l’Etat sera à vos côtés pour faire respecter les règles ». Une focalisation sur la Semsamar qui n’aura échappé à personne et qui aujourd’hui prend une toute autre résonnance : l’orchestration minutieuse d’une communication qui a posé les jalons de l'éminente réorganisation de la gouvernance de la Sem.  En tout cas de la déstabilisation de son fonctionnement actuel. La Semsamar, puissante société d’économie mixte avec un capital de 76000 euros, qui gère près de 15 000 logements sociaux sur des territoires forts en termes de stratégie géopolitique, la Guyane, la Martinique, la Guadeloupe et Saint-Martin, semble bien représenter une véritable manne pour l’Etat français. Selon le blog de CCN, la CDC Habitat, filiale de la Caisse des dépôts et consignations, opérateur financier de l’Etat, et par ailleurs actionnaire aussi de la Semsamar semblerait renforcer son capital avec la main basse faite dernièrement sur six sociétés immobilières des Antilles Guyane, toutes des sociétés d’Economie mixte d’Etat. Un capital toujours plus fort de la filiale CDC Habitat amplifierait de fait le pouvoir et la représentation de l’Etat au sein du CA de la Semsamar. 

LA COLLECTIVITÉ PRISE ENTRE LE MARTEAU ET L’ENCLUME ?

L’Etat renforçant son pouvoir au sein de la Semsamar via la CDC Habitat, dans un contexte où le territoire de Saint-Martin est affaibli par des années de gouvernances approximatives et où l’ouragan Irma a révélé les nombreux dysfonctionnements, la voie est belle pour imposer ses lois… 
Est-ce que le chef de l’Etat chercherait à récupérer ce puissant outil de développement économique pour les Antilles Guyane en exerçant une pression sur la Collectivité de Saint-Martin qui se trouve dans une situation financière compliquée et délicate et qui de fait a besoin des fonds abondés par l’Etat pour sa reconstruction ? Une question qui se pose et qui est pour l’heure légitime, tant l’opacité de cette affaire fait légion.  

REMISE DES PENDULES À L’HEURE PAR LE PRÉSIDENT GIBBS

Toutefois, semblant « agacé » par ce qu’il considère  être de malveillantes supputations, le Président Gibbs adressait aux rédactions hier en fin de journée un communiqué où il évoque non pas un démantèlement de la Semsamar, mais un retour aux sources avec une gouvernance saint-martinoise dans l’intérêt des concitoyens: « Je rappelle que la Semsamar a été créée en 1985 à Saint-Martin, c’est une société qui fait partie de la vie des Saint-Martinois, de notre patrimoine, et qui fait la fierté du territoire (…) Face aux enjeux de la reconstruction, face aux difficultés des administrateurs à imposer leurs idées au sein de la structure, il nous paraît pertinent - et les statuts actuels le permettent - de donner au Président du Conseil d’administration la possibilité d’intégrer la direction générale. Cette proposition vient appuyer la décision prise lors du dernier Conseil d’administration de nommer un cabinet d’experts dont le rôle sera d’assister et de conseiller les élus dans leurs missions. 
La Semsamar doit jouer un rôle clé dans la reconstruction de Saint-Martin, et dans un objectif d’efficacité, il nous paraît essentiel que le futur PDG travaille aux côtés de la direction générale. La Semsamar a des activités multiples sur plusieurs territoires et une forte expérience à Saint-Martin, elle est un atout pour répondre aux attentes de notre population (…) Une gouvernance réorganisée et la mise en œuvre de projets avec un fort ancrage local pour que Saint-Martin ne soit plus une simple boîte postale mais redevienne le centre des préoccupations tout en portant le même intérêt aux projets de développement sur les autres territoires, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane (…)», martelait le Président Gibbs.

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