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Semsamar : un sujet sous tensions au conseil territorial !

13 December 2018
Pour sa dernière réunion en séance plénière de l’année, le Conseil territorial a été mouvementé et inédit à plus d’un titre. Entre haussements de ton et coup porté par les membres de la majorité, c’est une séance houleuse qui s’est déroulée hier matin.

La délibération attendue par tous, concernait celle portant sur l’évolution de la gouvernance de la Semsamar. Ce qui est désormais devenu une « affaire », tant elle a fait couler d’encre ces dernières semaines, était le dernier point inscrit à l’ordre du jour. Cette délibération a d’ailleurs été modifiée en début de séance pour être scindée en deux points : d'une part pour approuver le principe d'évolution de la gouvernance de la société d’économie mixte, et d'autre part donner l'autorisation au président de proposer un nom pour occuper le poste de président directeur général de l’organisme, en l’occurrence Yawo Nyuiadzi. Et pour faire taire toutes les rumeurs qui ont enflammé la presse et les réseaux sociaux, le président Gibbs n’a eu de cesse de répéter que toutes ces allégations n’ont eu pour seul effet que de déstabiliser l’opinion publique. « Je veux faire une mise au point ferme pour mettre un point définitif au déferlement d’informations erronées qui empêche la connaissance collective. Il ne s’agit pas de modifier la direction générale opérationnelle mais de renforcer l’exécutif pour un meilleur contrôle, ce dans l’intérêt du territoire en reconstruction et de sa population. Il n’y a aucune ambiguïté à avoir, et en aucun cas nous ne souhaitons démanteler la Semsamar au profit d’un quelconque autre organisme ». Et de marteler : « Je préfère démissionner de mon mandat plutôt qu’être celui qui aurait cédé les 51% des actions appartenant à la Collectivité ! ». Le président Gibbs a souligné la cohérence de son projet en rappelant que ce vœu était déjà exprimé dans son programme de campagne pour les élections de 2012, un projet repris dans le programme de campagne de la Team Gibbs, pour les élections de 2017. Il a par ailleurs indiqué être favorable à l’entrée dans le capital de la Sem d’administrateurs tels que la Guyane, où la Semsamar a déployé de nombreux projets depuis ces dix dernières années. 

L’ÉLU JULES CHARVILLE PARLE DE STRATÉGIE D’ETAT

Sur les bancs de l’opposition, Jules Charville et Bernadette Davis sont évidemment montés au créneau. Jules Charville a démontré par A + B que cette évolution de la gouvernance était une manigance orchestrée par l’Etat, par le biais de l’actionnaire CDC Habitat, qui appartient à 100% à la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). En effet, il rapportait que la CDC avait fait main basse sur six Société d’Economie Mixte des Outre-mer, selon une procédure qui ressemble étrangement à celle vécue actuellement par la Semsamar : ruptures de financement, déstabilisation de la gouvernance, pression sur l’actionnaire principal, gel des projets nouveaux de construction…  Le conseiller territorial de l’opposition corroborait ses dires en évoquant la stratégie sur 5 ans (2018-2022) souhaitée par le gouvernement pour le logement en outre-mer, qui aurait été contractée avec le Ministère de l’outre-mer et la Société Nationale Immobilière en janvier 2018. 
Le président Gibbs répondait à cela que parmi les SEM d’outre-mer qui ont été reprises par la CDC Habitat, aucun administrateur n’était détenteur des actions à hauteur de 51%, comme cela est le cas pour la Collectivité de Saint-Martin. Et qu’en l’occurrence selon le président une telle stratégie ne pourrait s’appliquer à la Semsamar. 

UNE MAJORITÉ DÉSTABILISÉE

La tension était palpable au moment du vote de la première des deux délibérations concernant ce sujet. Et le couperet est tombé, une partie des rangs de la majorité s’est désolidarisée de son président : Maud Ascent Gibbs, pourtant soutien indéfectible de la première heure de l’homme politique Daniel Gibbs, a voté contre. Et la 3e vice-présidente, Annick Petrus s'est abstenue de voter, ainsi que Sofia Carti, par procuration donnée à la Vice-présidente Annick Pétrus. La délibération a été adoptée à la majorité avec 15 voix pour, 4 votes contre (les voix des 3 membres de l’opposition, Jules Charville, Bernadette Davis et Louis Mussington qui avait donné sa procuration à Bernadette Davis, et la voix de Maud Ascent Gibbs) et 2 abstentions (Annick Petrus et Sofia Carti). 
Quant à la seconde délibération sur ce sujet, portant sur la décision de proposer au Conseil d’administration de la Semsamar qui doit avoir lieu mardi 18 décembre prochain, la nomination de Yawo Nyuiadzi comme président directeur général, la désolidarisation a été encore plus prégnante : 12 conseillers territoriaux ont voté pour, 6 conseillers ont voté contre, dont outre les 3 membres de l’opposition présents, la vice-présidente Annick Pétrus, l’élu Sofia Carti par procuration donnée à la vice-présidente Pétrus et la conseillère de la majorité Maud Ascent-Gibbs. Deux conseillères de la majorité se sont également abstenues : Mireille Melus et Anette Philips, par procuration donnée à Mireille Melus. 
Une situation encore inédite pour le Président Gibbs depuis son investiture en avril 2017, qui devrait marquer un tournant dans le mandat de cette équipe à la tête de la Collectivité.

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LA COLÈRE DU PRÉSIDENT DU CESC, GEORGES GUMBS 

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Un autre moment fort de cette séance plénière a été la colère exprimée par le Président du Conseil Economique, Social et Culturel, Georges Gumbs qui s’était autosaisi sur la question de la Semsamar et souhaitait faire entendre l’avis du CESC à l’assemblée. Le président Gibbs ne l’y autorisant pas car n’ayant pas sollicité l’avis de cette instance pour cette délibération, ce fut un point d’achoppement dans l’hémicycle. Malgré l’interdiction donnée par le président Gibbs, Georges Gumbs a toutefois lu l’avis rendu par la CESC, et a interpellé l’exécutif sur sa non-clairvoyance à l’égard de la souffrance de la population dans son ensemble, demandant à l’assemblée de définir plus clairement sa feuille de route. Et sur le sujet de la Semsamar, Georges Gumbs n’a pas mâché ses mots : « vos explications et vos arguments ne valent pas un clou ! », a-t-il conclu. A l’issue de la séance et pour rappel, la Collectivité informait que le CESC est effectivement autorisé par la Loi organique Art 6323-3 à s'autosaisir sur un sujet social, culturel ou économique. En aucun cas, la loi ne précise que le représentant du CESC est de fait autorisé à intervenir directement en séance plénière sans l'autorisation préalable du président de l'Assemblée.

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