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Réunion de chantier à la Baie Orientale

02 October 2018

« Je crois dans l’avenir de Saint-Martin. Les sujets ne sont jamais faciles, mais il faut affronter les choses de manière très directe, tout comme les difficultés que vous rencontrez. Il y a des économies circulaires à inventer, il faut aller plus vite sur les procédures et être plus rigoureux, avoir une feuille de route ambitieuse ».

C’est ainsi que débutait la rencontre organisée dimanche matin au restaurant Côté Plages à la Baie Orientale entre la délégation présidentielle et les représentants des différentes filières professionnelles, venus avec leurs constats, leurs interrogations ou leurs inquiétudes. Au jeu des questions-réponses, on retiendra parmi toutes les interventions…


Nicolas Maslach, Directeur de la Réserve Naturelle de Saint-Martin
La raréfaction des espaces naturels, à laquelle on ajoute le problème des sargasses, impacteront l’économie de toute l’ile, dont le tourisme, si rien n’est fait. Il faut soutenir les synergies axées sur la biodiversité, l’Amuseum Naturalis, proposer de nouveaux outils dans un cercle vertueux d’économie durable.

Réponse de E. Macron : Saint-Martin accueille 5% des touristes, la partie hollandaise 95%, mais avec un tourisme peu respectueux de l’environnement et de la biodiversité. Choisir le modèle historique ou faire un modèle de qualité avec des saint-martinois formés et embauchés ici, avec un modèle exigeant, c’est ce que Daniel Gibbs a en tête et on doit l’accompagner. 


Frédéric Wild, Président de l’association des restaurateurs
140 restaurants avant Irma, 70 seulement aujourd’hui ouverts ou en passe de l’être avec deux sujets d’inquiétude : la propreté et l’insécurité en grande partie due à l’absence d’éclairage public. On ne peut pas accueillir les touristes. La Collectivité répond que ce qui reste est sur le domaine privé. Comment fait-on ? 

Réponse de D. Gibbs : la propreté est la priorité et c’est un problème récurrent. Mais la Collectivité ne peut intervenir sur le domaine privé. Entre 12 et 15 millions ont été dépensés dans le nettoyage depuis septembre 2017.  2000 VHU ont été ramassés, 1800 traités à raison de 12 véhicules par jour, soit la capacité maximale, ce qui explique qu’il en reste encore et donne une image déplorable. Il faut tenir compte de la vraie problématique, il y a des enjeux techniques que l’on ne maitrise pas, la solution de faire venir une barge pour les évacuer n’est pas envisageable car il en coute 30 000 euros pour chaque véhicule non dépollué.

Réponse de E. Macron :  il faut être clair dans les choix. Payer pour évacuer, vous l’avez choisi, mais c’est une opportunité économique, il y a du business à faire, il faut y aller. Mais il y a aussi là un sujet d’éducation collective, de respect de chacun. Si on met tout cela en place on peut résoudre ce problème rapidement.  Sur l’insécurité, les chiffres de la délinquance n’ont jamais été aussi bas. La partie française est beaucoup plus sûre que la partie hollandaise. Il faut accélérer les choses pour l’éclairage public.


Patrice Seguin, Président de l’association des hôteliers
Porte d’entrée du développement économique du territoire, c’est une filière malade qu’il faut reconstruire. Il y avait une vraie volonté de stratégie touristique de la part de Daniel Gibbs avant le cyclone, mais elle est passée au second plan. Que les six premiers mois aient été consacrés au retour à une vie normale pour les habitants de l’ile, c’est bien, et on se félicite de la mobilisation des services de l’état. 
Mais depuis quelques mois, la situation est devenue stable. Un an plus tard ce sont encore entre 600 et 700 personnes qui n’ont toujours pas de travail. Ce que je demande, c’est une coordination entre toutes les actions. Il faut monter en gamme mais nous n’avons pas le personnel formé pour. Au-delà d’un territoire propre, il faut un aménagement du territoire et faire des investissements.

Réponse de E. Macron : il y a un déclenchement à faire.


François Anton, représentant les assureurs
Nous avons indemnisé 70 à 80 % des sinistres. Maintenant on va payer les différés. On a quelques difficultés. Le problème est la mise en place d’une zone submersible que l’on ne peut pas assurer. Le tourisme, vrai poumon de l’ile, se trouve sur les plages. On va travailler avec l’état pour trouver des solutions. Ici, pour exemple la place du Village n’est pas assurable. C’est la réalité des choses, même si le BCT peut trouver une solution (le BCT peut être saisi par toute personne physique ou morale assujettie à une obligation d’assurance qui se voit refuser la garantie par un assureur). Nous ne pouvons plus assurer les bateaux alors que le nautisme est vital. Le tableau n’est pas terrible et toutes les résiliations vont intervenir au 31 décembre. Mais une table ronde, prévue à Paris, devrait permettre de faire avancer les choses.

Réponse de Bernard Spitz, Président de la Fédération Française de l’assurance : 17000 sinistres, c’est un travail sans précédent, jamais réalisé, avec les assurances en collaboration avec l’Etat. Chaque personne peut aussi faire appel gratuitement au médiateur.

Réponse du Préfet Gustin : le plan de prévention des risques de 2011 a été actualisé le 30 novembre 2017 et est dans l’attente de la nouvelle actualisation fin 2019. Le plan d’occupation des sols date de 1993 et Saint-Martin n’est pas doté d’un plan local d’urbanisme. Mais on sait construire, y compris dans les zones à risques.

Réponse de D. Gibbs : 95% de l’économie est tournée vers le tourisme. Toutes les îles alentours ont des hôtels sur les plages. A Saint-Martin si on s’en tient aux cartes, on doit raser Sandy Ground, Cul de Sac, Baie Orientale et une partie de Grand Case. Ce qui a tenu était en béton. Il faut se poser les bonnes questions pour trouver les bonnes solutions.

Réponse de E. Macron : sur la base de la nouvelle cartographie, il faut une stratégie pragmatique en terme de constructions, démontables, mobiles, avec des structures hôtelières moins élevées et des normes de résistance accentuées. Cela existe et c’est faisable. Mais c’est vous, collectivement, qui allez le faire.


Madame Paillard, représentant les professionnels de la mer
Beaucoup de problèmes persistent : le manque d’infrastructures avec deux marinas seulement opérationnelles l’une à 60%, l’autre à 25%, la centaine d'épaves de bateaux en attente de dépollution, l’augmentation de 30% des polices d’assurance et des franchises de plus en plus élevées, les bases nautiques qui ne peuvent être reconstruire faute de crédits car inassurables … sans compter les normes françaises qui nous pénalisent face aux îles voisines (un même catamaran peut embarquer 28 personnes côté français, 100 personnes côté hollandais). Il serait judicieux, pour fluidifier la circulation, de créer un réseau de bus maritimes (électriques ou solaires).

Réponse de D. Gibbs : les problèmes de la filière maritime sont les mêmes que ceux des autres filières. Les normes font que l’on passe du simple au triple. Il faut choisir sur quelle voie s’engager, les RUP ou PTOM, ou un peu des deux.

Réponse de E. Macron : beaucoup de sujets évoqués existaient avant Irma. Les RUP sont un modèle mais est-il encore pertinent, tout comme les PTOM ? Il faut faire un choix d’ici la fin de l’année.


Jeanne Vanderpool, Présidente des FTPE
Irma n’est pas la seule cause de la situation économique actuelle. Nous avons besoin de soutien. Les quelques 200 artisans taxis ont perdu leur outil de travail, les guest-houses ont perdu un grand nombre de chambres. Il faut que les établissements bancaires s’engagent auprès des petites entreprises, mettre en place des formations professionnelles pour les moins de 26 ans, faire baisser charges sociales et patronales.

Réponse de E. Macron : 75 millions ont été accordés pour le chômage partiel et ce jusqu’au 31 décembre, mais cela va se poursuivre en 2019 à hauteur de 1000 h dans l’année, trois millions pour l’aide au démarrage qui continue avec un abattement de charges. 160 entreprises ont déposé le bilan, mais 500 se sont créées, le chômage a baissé de 6% en un an … Il y a quelque chose qui est là.

En conclusion de ces échanges, le Président de la République a demandé que soit organisée tous les quinze jours, à l’initiative de la Préfecture, une réunion de chantier avec la Collectivité et les professionnels.
« Les choses trainent car certains prennent tous les contrats et font à leur rythme, comme ils ont toujours fait. Il faut accompagner les acteurs majeurs mais aussi favoriser le développement des petites entreprises dont celles du monde maritime, car je crois au développement de la plaisance.  Il faut réparer les décennies perdues et faire d’Irma une opportunité, pour construire un nouveau modèle, exemplaire à tous niveaux. Les hollandais ont choisi un modèle. Nous devons choisir celui de l’exigence sociale et environnementale. Ce n’est pas le choix de la facilité mais il faut développer la coopération avec la partie hollandaise. Tout cela ne marchera que s’il y a un vrai projet partagé.  Moi je serai là avec le gouvernement ».

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