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Point d’étape de la reconstruction, 2 ans après Irma

10 September 2019
Comme prédit par beaucoup, la reconstruction du territoire prendra plusieurs années. A précisément J+2 ans, vendredi 6 septembre 2019, le président Gibbs réunissait ses troupes pour faire un point d’étape face à la presse, deux ans après le cataclysme. Et l’heure n’est toujours pas au développement ou aux nouveaux projets de construction. Il est encore et toujours question de reconstruction.
Des messages toujours virulents à l’égard de l’Etat
Pendant plus d’une heure, Daniel Gibbs a évoqué point par point les chantiers toujours en cours, non sans une pointe de colère mais aussi d’amertume, face au comportement affiché de ceux qu’il nomme « ses prétendus partenaires depuis un an ». Dans sa ligne de mire, toujours, certains fonctionnaires et représentants de l’Etat pour qui, selon lui, « Irma n’existe pas, et le cyclone n’aurait été que le révélateur de nos insuffisances ! C’est faux, méprisant et blessant ! » s’est-il exclamé, soulignant que « nous vivons encore, aujourd’hui, dans un contexte dégradé et post-traumatique », un contexte aggravé par l’état de pauvreté du territoire : « Nous avons également subi, on tend à l’avoir oublié, des destructions de plus de 2,2 milliards d’euros, pour un PIB estimé à 600 millions », rappelant par-là que Saint-Martin figure au 3e rang des territoires les plus pauvres du territoire national : « Notre PIB par habitant atteint à peine 50,5 % de la moyenne hexagonale ; Saint-Martin demeure encore la 3ème collectivité la plus pauvre de France, après Mayotte, Wallis et Futuna et ex-aequo avec la Guyane ».
Des constats qui nécessitent forcément que le territoire reste « dans le radar des priorités de la France et de l’Union européenne ».
Impression s’être seuls au monde
Car s’agissant des fonds abondés par l’Etat en post Irma, ils sont pour l’heure réduits à peau de chagrin. En effet, prévus dans les protocoles d’accords et les Plan Pluriannuels d’Investissements signés en novembre 2017 puis mars 2018, l’Etat devait abonder 6 millions d’euros à destination des bailleurs sociaux et 15 millions d’euros pour la reconstruction d’un collège. Daniel Gibbs confirmait que pour l’heure, « seuls moins de 2 millions d’euros ont été débloqués à l’adresse d’un bailleur social ». Concernant les 15 millions d’euros pour la reconstruction d’un collège, la Collectivité espère qu’ils seront prochainement engagés puisque les projets de reconstruction du collège de Quartier d’Orléans et de construction du collège 900 sont dans les starting-blocks.
Menace d’un ouragan social avec le PPRN
« Si la voix du peuple et de ses représentants reste dédaignée, alors, nous
-Collectivité, Etat, élus, fonctionnaires, socio-professionnels…- risquons d’être tous perdants. Les Saint-Martinois ont peur de cette nouvelle couche de réglementations qui touche un des fondements de la propriété…(…) Je le répète, je suis pour une révision du PPRN. Mais pas de cette manière, avec cette application par anticipation. Une fois encore, je tends la main à l’État pour qu’ensemble nous sortions par le haut de cette situation de blocage », a répété le président. Et plus loin, de conclure : « J’appelle de mes vœux un État conseilleur et non un État seulement accusateur ».
Au sujet du FSUE
Pour mémoire, le Fonds Social d’Urgence de l’Union Européenne a, rapidement après le passage de l’ouragan Irma, débloqué une enveloppe de 49 millions d’euros, dont 46 millions en fléchage direct pour Saint-Martin. Ces fonds ont été versés à l’Etat français. Le président Gibbs a déploré qu’ils n’aient été disponibles que courant le mois d’août de l’année dernière. Après une première prorogation, ces fonds devaient être utilisés avant le 31 août dernier. Du fait des délais administratifs pour passer les marchés, seuls un peu plus de 33 millions d’euros ont pu être engagés. Un manque à gagner donc important pour le territoire.
Le président précisait par ailleurs que sur ces 33 millions d’euros, seuls 11.9 millions avaient fait l’objet d’un remboursement, rappelant que les sommes doivent préalablement être engagées par la Collectivité avant d’être remboursées par l’Etat sur cette enveloppe du FSUE.
Un possible manque à gagner supplémentaire de 50 millions d’euros
On se rappelle également d'un autre engagement de l'Etat, immédiatement en post-Irma, à contribuer au fonctionnement de la Collectivité à hauteur de 50 millions d’euros par an pendant trois ans. Des sommes qui étaient prévues d’être révisées en fonction de l’Etat des caisses de la COM. Pour rappel, 12 millions ont été débloqués en fin d’année 2017. Pour 2018, l’Etat a estimé que les recettes de la Collectivité avaient permis une trésorerie suffisante pour son fonctionnement et n’avait abondé les caisses locales que de 25 millions d’euros. Pour 2019, le même scénario se profile, et la Collectivité qui escomptait dans son budget ses 50 millions d’euros attend fébrilement la signature d’un avenant au protocole du 6 novembre 2017 (qui devrait avoir lieu dans les prochaines semaines, lors de la prochaine réunion du Plan Pluriannuel d’Investissements, PPI), pour connaître si oui ou non elle pourra compter sur ces montants.
Un constat donc amère de la part du président Gibbs et des élus, qui se sentent, deux ans après l’ouragan, plus seuls que jamais.

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