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Cinq entrepreneurs et deux filières : le volet économique de la visite d’Annick Girardin

15 April 2019
La Ministre des Outre-Mer a souhaité rencontrer de jeunes entrepreneurs de l’île et les représentants de deux filières majeures, l’agriculture et la pêche. Une réunion de travail s’est tenue dimanche matin en présence de Daniel Gibbs, la préfète Sylvie Feucher, le sénateur Guillaume Arnell et la députée Claire Guion-Firmin, au restaurant La Plantation, à la Baie Orientale.

« Comme dans les autres territoires d'outre-mer, l'avenir de Saint-Martin réside aussi dans la capacité de sa jeunesse à inventer de nouveaux modèles économiques » déclarait la ministre. C’est donc un panel représentatif des activités de l’île qui avait été judicieusement choisi : une entreprise de bateaux charters, un camionneur, un distributeur de bains de bouche, une guest-house, un loueur de voitures, une créatrice d’emballages 100% recyclables, un marin-pêcheur et un éleveur de bovins.

PEU OU PAS D’ACCOMPAGNEMENT

Chacun a pu présenter son entreprise ou son projet mais aussi faire état des difficultés rencontrées, avec un dénominateur commun à tous, le manque de confiance en la jeunesse saint-martinoise de la part des institutions. Des doléances entendues par la Ministre notamment sur l’incidence directe pour le financement de leurs entreprises. Les banques locales ne veulent pas les suivre et les banques de métropole leur refusent les crédits, mais les accordent aux entreprises de métropole s’établissant à Saint-Martin. Il en est de même pour les assurances, qui depuis Irma, sont plus que réticentes et quand elles acceptent majorent les prix du simple au double. 
A cela s’ajoute le problème du foncier. Nombre de terrains sont devenus inconstructibles et les prix des autres ont flambé. Tous ont du mal à lutter face à la concurrence d’entreprises extérieures, de plus en plus nombreuses depuis 2018, qui bénéficient de moyens dont ces jeunes entreprises ne disposent pas. 
L’insularité et la dualité de l’île étaient les autres problématiques abordées, en référence au manque de formations sur le premier point et à la législation différente sur le second.

DES FILIÈREEN SOUFFRANCE

L’agriculture et la pêche, si elles font partie des pratiques ancestrales de l’île, n’en demeurent pas moins des métiers d’avenir pour peu qu’ils soient revalorisés et soutenus. Mais pour séduire les nouvelles générations, c’est aujourd’hui qu’il faut travailler a souligné Vanion Hodge, vice-président de l’association des marins pêcheurs de Saint-Martin. 
Les 14 marins-pêcheurs professionnels de l’île sont toujours en attente de la création du Comité de Pêche et espèrent des réponses sur la législation des zones de pêche ou le contrôle pour les illégaux qui revendent en toute impunité leurs poissons en direct aux restaurants. 
De son côté Emmanuel Gimenez, président de la Sicasmart qui défend les intérêts des éleveurs déplorait que le problème des banques soit encore accentué dans le monde agricole. Il estime que les moyens doivent être donnés aux éleveurs et qu’une communication stratégique, sur la qualité des produits, doit être mise en place. Si ces filières ne sont pas soutenues aujourd’hui, elles vont disparaître.

RESTER OPTIMISTE

Tous les aspects évoqués sont autant de pistes de travail pour la ministre. Sur le point de la pêche, auquel elle est particulièrement attachée, selon elle en l’absence d’école de pêche une logique de gestion est à mettre en place au niveau de tout le bassin antillais en incluant la Guyane. Les accords sur la délimitation maritime semblent avancer et la fameuse ligne de 45°C est modifiée, mais les négociations sont toujours en cours avec Saint-Kitts et Nevis et la convention avec Anguilla est à établir avec le Royaume Uni. Tout cela rend le sujet très complexe. 
En conclusion, le sénateur Arnell, qui voue une admiration particulière à cette génération qui a la culture du risque et l’obligation d’être plus entreprenante, a bien résumé le contexte en admettant « qu’un projet éligible en métropole ne l’est plus lorsqu’il doit être mis en place à Saint-Martin ». Il estime que les parlementaires doivent agir et faire passer des règles qui soient en leur faveur, mais non pas par à coup comme cela a été fait de par le passé, mais dans la continuité.
Le mot de la fin reviendra à Annick Girardin : « construire un monde meilleur, un monde du moins, mais du mieux. Il faut accepter le moins ! ».

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