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Sylvie Feucher, mission terminée … mais continuité assurée

04 December 2020
Dernière interview à la veille de son départ pour Sylvie Feucher, préfète déléguée de Saint-Barthélemy et Saint-Martin. L’occasion d’aborder certains points épineux et d’autres plus faciles avec une femme qui aura marqué les esprits … par sa combativité pour ses partisans, par son rigorisme pour ses détracteurs. 9 juillet 2018 – 4 décembre 2020. Retour sur deux ans et un cinq mois de fonction avec des épisodes plutôt compliqués.
 
Quel est votre principal regret ?
Quand on part, on a toujours un sentiment d’inachevé et c’est encore plus vrai à Saint-Martin, du fait des problèmes liés à l’histoire statutaire de l’île, avec en plus de cela, le volet Irma qui a ajouté des difficultés supplémentaires. Mon principal regret est de ne pas avoir pu aller plus vite sur beaucoup de dossiers. J’aurais aimé également que les choses soient plus fluides entre l’État et la Collectivité.
 
… et votre plus grande satisfaction ?
Celle d’avoir créé une équipe, ici à la Préfecture, dans une dynamique de projet de territoire pour Saint-Martin, avec des gens qui avançaient derrière moi sur différents sujets. Et cela n’a pas été facile d’autant qu’après la destruction de la préfecture, l’installation de la préfecture provisoire, puis la seconde préfecture, rien que sur le bâti c’était chargé. Il a fallu également assurer le recrutement du personnel (beaucoup sont partis après Irma), mener le projet de cité administrative, assurer la visite présidentielle et tout cela sur mes trois premiers mois de prise de fonction. Je suis aussi satisfaite d’avoir rempli la feuille de route, plutôt musclée, du Président de la République.
Dans les projets les plus marquants, je retiendrai la reconstruction des établissements scolaires, l’aboutissement des projets des collèges 600 et 900 (actés et financés) et le centre nautique de la Savane d’ici trois ans ou encore le projet « bibliothèque sans frontière » qui amène la culture dans les quartiers ainsi que le partenariat Sciences Pô et Essec.
 
Vous aviez à cœur de redonner un visage plus souriant à l’île. Cela passait notamment par la mise en place d’une filière de traitement des déchets. Qu’en est-il ?
Le dossier n’est pas oublié mais l’éco site de Grandes Cayes est en train de se restructurer entièrement grâce à des aides de l’État, de l’Union Européenne et des fonds privés. Les financements sont en cours de finalisation et l'éco-site sera accompagnée par le Ministère des Outre-mer sur le projet de pyrogazéification (combustion qui produit de l’énergie) avec à terme un centre de traitement global des déchets. Donc cela n’avait pas de sens de créer une autre filière alors que le site va être complètement transformé en 2021.
 
La représentation locale de l'Etat c’est l’accompagnement de la Collectivité, pour l’aider à remplir ses mission. Est-ce que vous estimez avoir joué ce rôle notamment sur le dossier PPRN ?
Ce rôle continue au travers des services de la Préfecture. Depuis toujours l’aménagement du territoire et l’urbanisme ont toujours été des sujets conflictuels, ce n’est pas nouveau. En novembre 2017, c’est le Président Gibbs qui a signé les documents avec le Premier ministre. Les choses étaient engagées avant mon arrivée. L’arrêté d’août a été pris pour permette à la Collectivité de réaliser des projets sans attendre la version définitive. Le fait de l’annuler pénalise les saint martinois et renvoie à celui de 2011.

Avec le recul, est ce que vous agiriez différemment ?
Le PPRN est un sujet conflictuel, mais ce n’était pas une raison de rejeter la faute sur moi. L’État a effectivement fait appel de la décision du tribunal mais toutes les remarques du rapport Lacroix ont bien été intégrées comme le souhaitait le Président Gibbs. On était à la phase finale de relecture. La balle est dans le camps de la Collectivité.
 
La fermeture de la frontière a été un sujet de controverse...
Je l’assume totalement et je me suis sentie bien seule pendant ce Covid. La première fermeture a été demandée par la première ministre du côté hollandais, et j’étais d’accord. Je n’ai pas de regret, car la première vague nous a relativement épargnés. La seconde vague a été plus méchante. Fermer la frontière avait donc du sens pour ne pas avoir une seconde vague explosive et ainsi préserver la saison touristique à venir. Cela permettait en outre de gérer une plus petite partie de la population.
L’ARS avait demandé à Daniel Gibbs de prolonger cette fermeture de 15 jours, ce qui aurait permis d’assoir des résultats. Lors du confinement j’ai permis au BTP de travailler, j’ai ensuite laissé les activités reprendre, pour un retour à une vie quasi normale, ceci pour préserver l’économie.
Il ne restait que les hôtels. C’est chose faire avec la mise en place des conventions individuelles et l’arrivée des tests antigéniques. Ce protocole est une phase d'expérimentation, la balle est dans le camp des professionnels. Une 3ème vague est possible s’il y a une baisse des mesures barrières, et cela peut anéantir la saison touristique à venir. Aujourd’hui la partie hollandaise n’a toujours pas signé le protocole sanitaire. Il y a une part importante de responsabilisation individuelle, de part et d’autre de l’île.
 
Votre successeur, Serge Gouteyron, arrivera après votre départ. Comment se fait la passation des dossiers ? Quels sont les dossiers prioritaires que vous lui laissez ?
Nous avons eu plusieurs entretiens téléphoniques et je lui laisse une note de passation de poste. De son côté, il aura sa propre feuille de route du ministère des Outre-mer. Les deux principaux dossiers sont le PPRN et le comité Territorial du plan de relance des îles du nord. Mais il y a aussi la lutte contre les fraudes en général. Il y aura donc une continuation dans le suivi des dossiers.
 
Saint-Martin sera désormais une destination de vacances ?
Je quitte Saint-Martin avec malgré tout un peu de nostalgie, et laisse des amis, des gens que j’apprécie. Mais après m’être totalement investie pendant ces deux ans et demi, pour mener un travail intense sur tous les sujets, et sans vacances ( !), j’avoue être fatiguée et heureuse de retrouver ma famille que j’ai abandonnée durant ce temps pour me consacrer à Saint-Martin et sa population.
Propos recueillis par A.B
 

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