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Point de situation de la sécurité sur l'île

31 July 2020
Cambriolages, braquages, vols de véhicules, violences… La crise sanitaire et les crises économique et sociale qui en découlent ont eu des répercussions sur la sécurité de l’île. Nous faisons le point avec le Commandant de la Compagnie de gendarmerie des Iles du Nord, Stephan Basso
 
Délinquance routière
La gendarmerie a, depuis la fin du confinement le 11 mai dernier, observé un relâchement inquiétant dans le comportement des conducteurs de deux roues, qui ne portent encore moins qu’avant de casque et qui multiplient les runs sauvages, à Sandy Ground, Bellevue, Grand Case… Une recrudescence de ces comportements dangereux aussi due à un désoeuvrement amplifié par un contexte économique en berne et une crise sociale latente… Quoiqu’il en soit, les forces de l’ordre accentuent de leur côté les contrôles sur la route avec pour objectif d’augmenter leur présence et leur visibilité mais aussi de retirer de la circulation le plus possible d’engins considérés comme dangereux, provenant pour la plupart de vols. « La problématique des deux roues n’est pas nouvelle, nous confie le commandant de gendarmerie Stephan Basso, toutefois, il nous faut chaque fois renouveler nos actions, car le plus important c’est la vie humaine.
On ne peut pas regarder tous ces jeunes mourir sur la route et ne rien faire. On a déploré lundi soir un nouvel accident impliquant un deux roues et le passager est décédé (lire ci-dessous) Alors oui, on accentue les contrôles. Cela déplaît et engendre des conséquences, notamment sur les activités festives qui en pâtissent. En effet, quand nous sommes positionnés sur les points de contrôles, de jour comme de nuit, outre les deux roues, nous faisons aussi les contrôles d’alcoolémie et des contrôles aléatoires. Et forcément, cela n’est pas pour plaire à tout le monde. Mais nous sommes là pour prévenir les accidents de la route, et éviter plus de morts… ».
 
Encore un décès sur les routes
Un nouvel accident de la circulation s’est produit en fin de soirée de lundi dernier, sur la route en lacets entre la Baie Orientale et le Galion, et a causé le décès d’une personne, le passager à l’arrière d’un scooter.
Le deux roues circulant dans le sens Baie Orientale-Galion aurait mal négocié un virage, serait venu déborder sur la voie inverse, percutant un véhicule arrivant en face. Les 2 passagers sur le scooter ne portaient pas de casques. Celui situé à l’arrière a été grièvement blessé à la tête et a été évacué vers le CHU de Guadeloupe où il est décédé peu de temps après son arrivée. Le conducteur du 2 roues a quant à lui eu une blessure à la jambe. Les passagers de la voiture dans laquelle est venue se percuter le deux roues n'ont quant à eux pas été blessés physiquement, mais ont été pris en charge pour choc psychologique. Ce nouveau décès porte à 5 le nombre de morts sur les routes de la partie française de Saint-Martin, tous sur des deux roues. Le parquet de Saint-Martin et la gendarmerie de Saint-Martin Hope Estate lancent un appel à témoin pour que toute personne susceptible de détenir des informations sur ce drame puisse fournir ses éléments aux enquêteurs en se rendant directement à la brigade ou en composant le 05 90 52 35 95.
 
240 vols de véhicules depuis le début de l’année
Grand fléau de l’île, les vols de véhicules, surtout les petits modèles loués par les sociétés de location de voitures. Depuis le début de l’année, ce sont 240 véhicules qui ont été dérobés à leur propriétaire. Ils étaient 265 l’année dernière à la même date. Une légère diminution qui est due à la période du confinement où aucun vol n’a été constaté. Et pour cause, entre le « shutdown » de la partie hollandaise et la frontière fermée entre les deux parties de l’île, les réseaux qui sévissent dans ce domaine n’étaient pas en mesure de fonctionner. En effet, le commandant de gendarmerie Basso explique que la filière de vols de véhicules est bien organisée, avec des « petites mains » qui, en partie française, moyennant quelques centaines de dollars sélectionnent les véhicules et les ouvrent par effraction. Des convoyeurs prennent le relai et passent la frontière vers la partie hollandaise, où les véhicules sont ensuite remis à d’autres membres du réseau pour les maquiller, frapper les numéros de série. Ces véhicules sont ensuite réimmatriculés en partie hollandaise, voire même en partie française, et sont à nouveau remis en circulation. Les coopération policière et judiciaire sont essentielles en la matière pour parvenir à démanteler certains réseaux. Ce fut le cas en fin de semaine dernière où un individu a été interpellé en flagrance de vol de véhicule, et l'enquête menée a pu faire des rapprochements avec de nombreux autres faits, en l’occurrence les 10 véhicules dérobés à un loueur de voitures durant la nuit du 24 au 25 décembre dernier. « Le gardé à vue à reconnu sa participation à 15 vols de véhicules et une tentative depuis juin 2019, les derniers faits datant du 23 juillet 2020, et a expliqué faire partie d'une équipe basée à Sint Maarten, le recrutant pour 1000 USD par véhicule, qu'il se chargeait de convoyer, tandis que d'autres les forçaient et les faisaient démarrer, puis les reconditionnaient pour les revendre », a indiqué le vice-procureur Yves Paillard.
L’individu de 26 ans, originaire de Sint Maarten, a été jugé en comparution immédiate à Basse-Terre. Poursuivi des chefs d’association de malfaiteurs et vols aggravés en réunion avec dégradations, il a été condamné à 4 ans de prison avec un maintien en détention. Le procureur Paillard précise également que « l’enquête se poursuit pour identifier les complices et co-auteurs de ce réseau organisé ».
 
Pas de recrudescence de braquages de commerces et de cambriolages
Contrairement à ce que l’on aurait pu penser eu égard au contexte social et économique, la partie française ne fait pas face à une recrudescence de cambriolages ou de braquages de commerces. Le commandant Basso indique même une diminution d’environ 10% par rapport à la même période en 2019. Seuls 7 cambriolages ont été enregistrés depuis le début du mois de juillet, sur un total de 65 depuis le début de l’année. Soit environ 10 par mois. Ces cambriolages concernent pour la plupart des locaux professionnels. Une nette diminution à mettre aussi sur le compte du confinement, dans la mesure où les logements de particuliers n’ont pas été laissés vacants. Quant aux commerces, pour la plupart fermés, les braqueurs ne pouvaient espérer y dérober une caisse contenant de l'argent.
 
Augmentation des violences physiques
Les forces de l’ordre constatent en revanche une forte augmentation de faits de violence entre individus. « Du fait du contexte, on sent une tension exacerbée qui peut à tout moment déraper, et les violences physiques sont prégnantes. Et ces faits de violences ne concernent pas que les violences intraconjugales, familiales. Concernant ces dernières, le commandant Basso regrette le peu de plaintes qui suivent les interventions faites pas les forces de l’ordre. Car si les forces de l’ordre interviennent au sein des foyers pour régler un conflit familial, les victimes, les femmes et les enfants ne se rendent ensuite pas à la gendarmerie pour déposer une plainte. « En 2019, nous avons enregistré 115 plaintes de femmes pour des violences conjugales. A aujourd’hui, en juillet 2020, nous en sommes à peu près à la moitié. Ces statistiques sont très en deçà des remontées chiffrées qui nous sont communiquées par l’association Trait d’Union France Victimes auprès de laquelle les victimes se rendent directement, sans passer par la gendarmerie. . En venant porter plainte, les femmes craignent des représailles et les solutions d’éloignement sont compliquées sur un si petit territoire », conclut le Commandant Basso.
 
 
 

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