Ainsi, le réputé sérieux magazine « Challenges » a-t-il consacré dans ses colonnes du 3 janvier dernier un long article titré : « Saint-Barth, Saint-Martin, la reconstruction à deux vitesses après Irma ». Un article comparatif entre la bonne santé de Saint-Barth et ses boutiques flambant neuves, 16 mois après le passage de l’ouragan dévastateur, et la lenteur de la reconstruction observée sur Saint-Martin qui, selon le magazine, présente une vision toujours bien présente de la catastrophe : « Les maisons et immeubles à terre y paraissent aujourd’hui encore plus nombreux que les habitats reconstruits. 
Au loin, une multitude de points bleus sont dispersés sur les collines verdoyantes. Ce sont les bâches en plastique qui font office de toits pour les maisons ravagées… », peut-on lire. Et cet article de refaire le bilan comptable des aides apportées par l’Etat à Saint-Martin : «  Pour Saint-Martin et ses 35.000 habitants, l’Etat a débloqué une aide totale de 493,6 millions d’euros pour la reconstruction des écoles, des réseaux électriques et d’une partie du parc de logement social », soulignant le fait que lors de sa visite sur le territoire, le président Macron s’était ouvertement agacé face à la lenteur de la reconstruction : « Je vais mettre la pression parce qu’on met beaucoup d’argent », avait-il indiqué. 
A la lecture de cet article, on ne peut que constater la réussite du plan de communication du gouvernement à faire passer le message. En effet, à coups de communiqués réguliers adressés aux organes de presse, relatant les fameux 493 millions d’euros adressés à Saint-Martin après l’ouragan, ces montants erronés sont désormais entrés dans les mœurs et desservent considérablement et de façon récurrente notre petit territoire. Car effectivement, tout un chacun est en droit de se demander pourquoi avec tout cet argent, l’île met autant de temps à refaire surface !  Et pour cause…

NÉCESSITÉ DE MARTELER LA RÉALITÉ DES MONTANTS

A ces journalistes qui ne font que répéter ce qu’on leur somme d’écrire ou de dire, nous voulons à notre tour marteler à nouveau la réalité des chiffres : sur les 493 millions d’euros, ce sont 163 millions qui ont été débloqués dans le cadre du dispositif d’urgence (quels montants d’urgence ont été alloués à la ville de Paris lors des inondations l’année dernière, ou encore lors de la récente catastrophe climatique dans le département de l’Aude ?), 140 millions d’euros de soutien économique aux entreprises, aux particuliers et aux deux Collectivités, parmi lesquels environ 75 millions d’euros pour le dispositif de mise en activité partielle et 45 millions de moratoires aux entreprises (une activité partielle qui a évité les coût du fait de la mise au chômage des salariés ; des moratoires qui sont par définition recouvrables ultérieurement) ;  46 millions de Fonds Européens (FSUE) avec un fléchage direct pour Saint-Martin (mais on parle ici de fonds EUROPEENS !) ; un prêt bonifié de 60 millions d’euros (par définition également remboursable, et dont la demande de toute façon ne pourra aboutir, la capacité d’endettement de la Collectivité de Saint-Martin ne le permettant pas) ; 18 millions pour la reconstruction des bâtiments de l’Etat ! Etc, etc...
Sur les 493.6 M€, seuls 15 M€ dédiés à la reconstruction des établissements scolaires et 6M€ accordés aux bailleurs sociaux sont véritablement des aides exceptionnelles et non remboursables. 21 M€ ! On est encore bien loin du compte, non ?