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Crise sanitaire / Covid-19

24 March 2020
Hier, lundi 23 mars 2020, célébrait le 372e anniversaire du traité de Concordia. Un traité d’unité et de libre circulation des biens et des personnes entre les deux parties de l’île qui rencontre pourtant ses limites à chaque nouvelle crise traversée. Avec l’épidémie du Covid-19, la partie française suit les préconisations imposées par la France ; la partie hollandaise oscille entre suivre la partie française et préserver son économie.

La crise sanitaire du Coronavirus qui impacte la planète entière montre bien une fois de plus qu’à chaque nouvelle crise, sur notre île partagée entre deux nations sans frontière matérialisée, c’est une forme de cafouillage qui prévaut. En effet, quid de l’unité sur l’île quand, d’un côté le confinement est décrété, les commerces non-essentiels sont fermés et ceux autorisés à rester ouverts doivent suivre des horaires réduits et réglementés, les déplacements sont réduits aux seules courses de première nécessité et sont contrôlés, les baignades en mer et en piscines collectives sont interdites… et que de l’autre côté, la plupart des commerces étaient encore ouverts durant ce week-end, qu’il n’y a aucune restriction de transports routiers et que la population continue à se promener dans les rues, à aller sur les plages sans avoir pris la mesure de la gravité de la situation?
Si les autorités locales des deux parties de l’île se targuent de travailler main dans la main, en parfaite coopération, cela ressemble plutôt à une forme de démagogie théorique.
 
Deux pays, deux gestions différentes de la crise
 
A leurs corps défendant, les parties françaises et hollandaises sont toutes deux sous la coupe d’un pays, la France pour le nord de l’île et les Pays-Bas pour le sud, deux pays qui n’ont pas non plus une même vision de la gestion de la crise. La France, qui a pris ses premières mesures trop tardivement selon de nombreux critiques, des mesures voulues strictes, sans que jamais toutefois le mot « confinement » n’ait été prononcé par son président, Emmanuel Macron. Mais des mesures qui montent crescendo à mesure que la crise s’aggrave. Tout cela donne l’impression côté français de nager entre la fermeté et le sentiment d’être dépassé par les événements, avec les pénuries de masques, de gels hydroalcooliques, la restriction dans les tests de dépistage…
Du côté de Sint Maarten, l’incertitude peut sembler légitime. Ce côté-là de l’île est sous la coupe des Pays-Bas, dont le gouvernement prône une toute autre vision de la gestion de la crise, refusant d’envisager le confinement obligatoire, s’en tenant à la théorie de l’immunité collective en défendant l’idée qu’une fois qu’une part importante de la population aura contracté le virus, elle sera immunisée et les populations ne pourront plus tomber malades du fait de cette infection virale. Pour autant, le gouvernement de la partie hollandaise tend, avec des temps de retard, à prendre des mesures qui se rapprochent de celles prises côté français.
 
Une île, deux pays, deux systèmes différents
 
De même, concernant la crise économique générée par cette crise sanitaire, sa gestion a là aussi deux poids et deux mesures. La partie française devrait pouvoir bénéficier de l’ensemble des aides promises par le gouvernement français.
Côté hollandais, l’économie relève de la compétence du gouvernement de Sint Maarten. Le ministre des Pays-Bas de l’intérieur et des Relations avec le Royaume, Raymond Knops, a annoncé en fin de semaine qu’une « assistance serait accordée à Aruba, Curaçao et Sint Maarten, sur la base d’une surveillance du Comité de surveillance financière (CFT) et du Fonds Monétaire International (FMI) et dont le contenu sera discutée lors du prochain Conseil des ministres qui doit se tenir dans un mois… », précisant que par leur statut d’autonomie, ces pays détiennent la compétence économique.
Le Ministre néerlandais a fait le distinguo pour les aides qui seront apportées aux îles de Saba, Bonaire et Saint-Eustache qui sont, elles, trois îles à part entière rattachées à la couronne néerlandaise.
 
La partie hollandaise prise entre le marteau et l’enclume
 
Dans ce contexte, il est clair que pour les autorités de la partie hollandaise, la gestion de la crise est prise entre le marteau et l’enclume : préserver ses liens avec la partie française et coopérer à éviter la propagation du Covid-19 sur le territoire, tout en ayant pleine conscience des conséquences sociales que va impliquer le drastique ralentissement de l’activité économique, ou bien suivre son pays de référence, la Hollande, dont la gestion de la crise va à contre-sens de celle mise en œuvre par la France.
 
Des différences dans les mesures prises qui pourraient anéantir leur efficacité
 
Si la France, et consécutivement la partie française de l’île, ont pris tardivement les mesures qui s’imposaient face à la pandémie, la partie hollandaise, tente cependant de suivre a minima les mesures prises au nord de l’île. Ce n’est que durant le week-end que Sint Maarten a réglementé les heures d’ouverture des commerces essentiels autorisés à rester ouverts, passant les heures de fermeture à compter d’hier, lundi 23 mars, de 20 heures à 18 heures. Les plages et les baignades en mer et en piscines collectives qui ont été interdites en partie française par arrêté préfectoral dès vendredi 21 mars, ne sont toujours pas interdites en partie hollandaise.
Tout en maintenant l’accès libre aux plages en partie hollandaise, la première ministre, Silvera Jacobs a toutefois informé samedi 22 mars, que les transats et les activités commerciales y étaient interdits et que les personnes devaient respecter une distance de 1 à 2 mètres entre elles. De même, la partie hollandaise n’a pour l’heure imposé aucune restriction dans les déplacements sur les routes. Tant et si bien que durant tout le week-end, les résidents de la partie hollandaise ont continué à aller et venir comme si de rien n’était.
Force est de constater donc que les mesures imposées au nord et au sud de l’île ne sont pas en totale harmonie. Une situation qui crée encore la confusion dans l’esprit des populations quant au sérieux de la situation et viendrait atténuer l’efficacité de ces mesures.

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