Nous sommes le lundi 28 mars.

Une sauterelle d’un vert luisant se pose nonchalamment sur le montant de la porte de la chambre. Ni les claquements provoqués par les courants d’air, ni les va-et-vient incessants de ses proches réunis à son chevet, ne parviendront à déloger l’insecte sentinelle du pas de la porte dont elle avait pris possession, jusqu’à ce jour du 31 mars après-midi ou Joëlle Piccione, entourée de ses aimés, rejoignit les étoiles.

Blottie dans les bras aimants et protecteurs de son anse, face à l’étendue infinie de la mer et avec pour horizon lointain la longiligne Anguilla, Joëlle s’endormit paisiblement. Ironie du sort ou ultime pied de nez, le soir même l’insecte avait disparu. L’histoire dit que la sauterelle, considérée comme une bénédiction céleste est symbole de gaité et de réincarnation.

La gaité. Voilà une des nombreuses qualités que l’on reconnaît volontiers à Joëlle, alias, Jojo, Joe, Joëlla, la Reine Mère... figure iconique de Saint-Martin, qu’elle avait embrassé il y a plus de quatre décennies.

Avec son époux Toni, ils ont de nombreuses années durant « fait les nuits » de l’île, à la tête de plusieurs établissements emblématiques, restaurants, discothèques dont le légendaire « Privilège » qui accueillait les meilleurs DJ au monde.

Une impressionnante file d’attente se formait dans l’anse, du flanc de la colline jusque l’entrée du mythique club. On venait de partout pour vivre les fêtes de Tony et Joëlle, respectivement Roi et Reine des nuits de Saint-Martin. Ils y recevaient des personnalités du monde entier lors de soirées somptueuses et joyeuses.

Joëlle était aimée. Il suffit pour s’en rendre compte de voir le concert de louanges de la part d’anonymes et de célébrités qui, depuis une semaine, pleurent une femme exceptionnelle généreuse, drôle et sincère. Depuis ce triste jeudi 31 mars, son souvenir se répand joyeusement dans l’île au travers d’anecdotes que chacun partage à loisirs, avec affection et un soupçon de nostalgie.

C’est cette image positive que sa fille Alexia veut conserver et laisser à celles et ceux qui ont aimé Joëlle. L’idée selon laquelle la vie doit pétiller telle une coupe de champagne.

Le 11 avril prochain à 15h00, un pot du souvenir sera donné au Friars Bay Beach Club, La Savane.

Joëlle sera inhumée le 20 avril au cimetière de Levallois Perret à l’issue d’une bénédiction religieuse en l’Eglise Saint-Justin, 1 place d’Etienne d’Orves 92300 à Levallois Perret.

Joëlle, dans ses volontés ultimes, formula ce souhait relevant d’une tradition caribéenne ancienne, que tous soient vêtus de blanc et qu’on la pare essentiellement de fleurs blanches.
David Dickens