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Sécurité : l’ouragan Irma vu de la gendarmerie

17 October 2017

La brigade de gendarmerie de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy a vécu l’avant, le pendant et l’après Irma… Un peu plus d’un mois après le passage de l’ouragan, le lieutenant-colonel Sébastien Manzoni de la gendarmerie raconte.

“ Nous étions dans la gestion de la crise une semaine avant le passage de l’ouragan. Le Centre opérationnel Départemental (C.O.D.) était en place. A J-2, nous avions la certitude qu’un risque majeur existait. Et dès le dimanche précédent le 6 septembre, nous avons envisagé la situation la pire. Avec les 60 hommes de la Sécurité Civile arrivés en renfort dans la journée du lundi 4 septembre, nous avons travaillé en équipe et sommes allés à la rencontre des populations, les invitant fortement à ne pas rester dans les zones les plus à risques. Face à nos messages insistants, les populations ont fini par quitter les habitations les plus exposées.

Mais il faut savoir qu’a contrario de ce qui est prévu dans certaines parties du monde, notamment aux Etats-Unis, en France, nous ne pouvons ordonner les évacuations. Ce ne sont que des recommandations qui sont faites. Prenant conscience du danger imminent, une grande partie des personnes vivant dans les zones les plus exposées aux risques a finalement quitté les lieux à J-1. Et ces personnes ne sont pas allées spécialement dans les abris anticycloniques.

Elle se sont regroupées les unes chez les autres. Nous avions estimé à 11 000 environs le nombre de personnes qui étaient en danger dans les zones à risque. Seulement 1000 personnes ont été accueillies dans des abris. Pour les autres, c’est la solidarité saint- martinoise qui a joué ».

Irma passe…

« Pendant le passage d’Irma, mes hommes ont été confinés comme le reste de la population, mais pendant un temps plus court, car nous sommes sortis avant la levée de la phase de confinement. Pour ma part, j’étais en Préfecture. Laquelle a été partiellement détruite. Dès que les vents se sont calmés, nous avons tenté de nous reconnecter avec les gendarmeries. Mais impossible. Les réseaux étaient tous coupés. Les téléphones satellites ne fonctionnaient plus. Une fois dehors, nous avons vu le désastre. Fort heureusement, pas de blessés du côté de mes hommes, ni de leur famille.
Toutefois, la brigade de Quartier d’Orléans était détruite. Celles de la Savane et de Concordia accusaient des dégâts importants. Le Centre Opérationnel Départemental (C.O.D.) était à terre. Le Parquet aussi. Bien que choqués, mes hommes ont conscience qu’ils doivent se relever vite. Malgré un genou à terre, la brigade de gendarmerie doit se concentrer sur ses missions, et en premier chef : le secours à la population ».

C’est l’Etat-major OTAN, une première sur un territoire français.

« Les services de l’Etat, le Parquet et les secours finissent par se reconcentrer à la gendarmerie de la Savane. Le général Descoux de la gendarmerie nationale de Guadeloupe prend le commandement des opérations et décide de casser la structure existante (un fonctionnement par quartier) pour créer 6 secteurs opérationnels (effectifs, renseignements, manœuvres, logistique, planification et communication), avec un état-major qui pilote. C’est l’Etat-major OTAN, une première sur un territoire français. Une organisation qui nous a permis de faire face à la situation de chaos et d’accomplir nos missions de secours à la population et de déblaiement des voies ».

200 hommes jusqu’au jeudi 7 septembre

« Avant, pendant et le lendemain d’Irma, le contingent compte alors 200 hommes, y-compris les renforts de la Sécurité Civile. Il ne nous est pas possible de poster un homme devant chaque devanture de commerce ou devant chaque habitation. Il faut faire des choix. Certains de mes hommes ont porté, à pieds, des blessés de Quartier d’Orléans jusqu’à Hope Estate… Et oui ils ont vu des scènes de pillage. Mais leur priorité s’est concentrée sur les secours ».

577 gendarmes toujours en poste à Saint-Martin

« Dès le lendemain, le jeudi 7 septembre, nos effectifs ont été portés à 300. Et le lendemain, le 8 septembre, nous étions à 395 gendarmes. Les effectifs ont ainsi augmenté jusqu’à 700 gendarmes. La sécurité a été rapidement rétablie.
Pour autant, nous sommes conscients qu’il y a eu une période de flottement, avec un sentiment d’impunité eu égard aux actes d’incivilités. Et j’accepte le reproche. Je rappelle que depuis, plus de 200 perquisitions ont été conduites, avec une centaine de personnes mises en cause. 200m3 de marchandises ont été récupérées pour être restituées à leurs propriétaires ou bien distribuées à des associations humanitaires. Et à l’heure où je vous parle (vendredi 13 octobre, ndlr), le territoire compte encore 577 gendarmes. Et ils resteront autant que nécessaire, même si les actes délinquance et autres incivilités ont atteint des niveaux très bas, certainement du jamais vu depuis une quarantaine d’années ».

Les effectifs resteront supérieurs à ceux d’avant Irma

En effet, le gouvernement a annoncé pour l’heure le maintien des forces de l’ordre à Saint-Martin. Et les effectifs resteront par la suite supérieurs à ceux d’avant Irma. Et si le lieutenant- colonel Manzoni accepte également le débat sur le pré-positionnement des forces en amont de l’épisode cyclonique, il est également certain d’une chose : « des enseignements doivent être tirés de cet événement hors norme qui s’est abattu sur les deux îles de Saint-Martin et Saint-Barthélemy ».

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