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Escalade de violence dans une famille

01 June 2018

Une affaire de violence entre deux frères, dans un contexte de violences familiales récurrentes, était jugée mercredi en comparution immédiate. Le plus jeunes des deux frères, prévenu, a écopé de 4 mois de prison ferme.

Deux frères se retrouvaient mercredi matin dans la salle du tribunal de Saint-Martin. Le cadet, D.C., menotté et prévenu, et l’aîné, J-L C., le bras bandé et victime. Une violente querelle entre les deux hommes, âgés de 31 et 33 ans, a éclaté au petit matin du vendredi 25 mai dernier, dans la maison familiale de Quartier d’Orléans. Un fait habituel dans cette famille où les deux frères ne se sont jamais supportés, même enfant, alors qu’ils vivaient dans un contexte très difficile, avec un père toxicomane, drogué au crack et violent. L’avocate du prévenu rapportait dans sa plaidoirie que dans les dépositions de la sœur figuraient des actes terribles, où le père menottait ses fils et les plaçait dans un congélateur pendant de longues minutes. Et ce matin-là, vendredi 25 mai, la querelle a terminé dans le sang : le plus jeune a frappé son aîné à l’aide d’une arme blanche, a priori une épée qui n’a pas été retrouvée par les enquêteurs, le blessant grièvement au bras gauche, engendrant une Interruption Temporaire de Travailler (ITT) de 45 jours. A la barre, D.C. se défend et explique qu’il s’est servi de la machette (il nie que l’arme utilisée est une épée) pour se protéger car son grand frère est violent et qu’il lui a déjà tiré dessus avec une arme à feu. Il aurait déposé plainte sans que cela ne soit suivi de poursuites judiciaires.

SEUL CONTRE TOUS

Celui qui est aujourd’hui la victime, J-L C., a déjà été condamné à maintes reprises pour des faits de violence avec arme, et a effectué un séjour de plusieurs années en prison. D.C. a lui aussi déjà été en condamné en 2005, également pour des faits de violence. Il avait alors écopé d’une peine de prison avec sursis. D.C. semble seul, toute l’assemblée présente dans la salle d’audience se regroupe autour du grand frère. Et D.C. le dit à la barre : « depuis que je suis enfant, je suis seul. Mon frère est très violent et il fait régner la terreur. Il voulait que je quitte la maison. Ils veulent tous que je quitte la maison », explique celui qui est revenu vivre dans sa famille après que l’ouragan Irma ait sinistré son appartement qu’il occupe à Agrément.

GRAVES TROUBLES PSYCHOLOGIQUES SANS SUIVI

L’expertise psychiatrique de D.C. révèle une personne isolée socialement, en grande carence affective, qui a subi des violences domestiques dans son enfance et également une tentative d’agression sexuelle commise par un ami de son grand frère, en présence de celui-ci. D.C. a par ailleurs à son actif plusieurs tentatives de suicide, dont une par pendaison, sans que ces actes n’aient donné suite à des suivis psychologiques. D.C. qui consomme habituellement de l’herbe de cannabis a été décrété «border-line » par l’expertise psychiatrique effectuée pendant sa garde-à-vue.

« UNE VIOLENCE PAS ACCEPTABLE »

Reconnaissant un contexte familial difficile, le vice-procureur Yves Paillard expliquait que « cette violence n’était pas acceptable pour résoudre les conflits privés. Si vous vous sentiez menacé, vous auriez dû vous rendre à la gendarmerie. Votre comportement impulsif vous rend dangereux pour vous-même et pour autrui », et requérait huit mois de prison dont quatre mois avec sursis, ainsi qu’une interdiction de porter une arme pendant cinq ans. Le procureur demandait également que le tribunal lui supprime son agrément lui autorisant à exercer le métier d’agent de sécurité.
Faisant une vibrante plaidoirie, l’avocate de la défense remettait sur la table toutes les circonstances terribles de cette affaire guidée par une violence récurrente dans cette famille et le trouble évident de la personnalité de son client. Elle plaidait en faveur d’une injonction pour son client à se tenir éloigné de sa famille, ainsi qu’un suivi psychologique plutôt que la prison qui ne serait pas, selon elle, la réponse aux troubles de D.C.Le tribunal décidait pourtant de suivre les réquisitions du procureur et condamnait D.C. à 4 mois de prison ferme, à une interdiction de rentrer en relation avec sa famille et à l’obligation de soins médicaux.

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