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Dans les coulisses du SXM Festival

26 February 2020
Suite de notre immersion au sein du festival qui va émoustiller l’île, avec comme guide son fondateur, Julian Prince.
 
Couplet : l’impact économique du festival sur Saint-Martin.
 
Lancement imminent de la 4ème édition…
 
SXM FEST« En vérité c’est la 5ème, parce qu'on a dû annuler l’édition 2018 à cause d'Irma. On oublie souvent cette édition-là. Avec le temps, il y a beaucoup de bonnes choses qui en sont ressorties. Je ne suis pas d’accord avec le fait qu’une catastrophe naturelle n’aurait que des conséquences négatives. Certes, ça a remis l’île dans un état plutôt précaire. Les cicatrices sont encore apparentes et il y a un cruel manque de fonds et de moyens. Il ne faut pas oublier, c'est encore frais, il y a encore des stigmates. Entre les personnes qui ont perdu des êtres chers, des quartiers qui ont été démolis, de l'aide qui est venue et qui n'a peut-être pas forcément été envoyée à bon endroit. Tout stagne, y compris l'île qui reste en état alors qu'elle a besoin de se rouvrir au business, il faut que les gens reviennent, parce que s'il n'y a pas d'économie sur une île qui vit essentiellement du tourisme, c’est la déchéance assurée. On se réjouit de faire un tout petit peu partie de la solution, on ne fait pas partie du problème. Nous n’avions pas attendu Irma pour être proactifs, notre fondation www.twobunchpalm.org créée un an avant le passage de l’ouragan est à l’origine de plusieurs actions sociales et levages de fond.
Le festival est une fête mais on y prend des photos de Saint-Martin, on y fait des vidéos qu’on partage abondamment sur les réseaux sociaux, on parle de l'île sur l'année entière, pas uniquement sur la période autour du festival. On se devait d’augmenter la visibilité de l’île, on a dû en faire la promotion pour attirer les festivaliers. Après, Saint-Martin est extrêmement facile à vendre, c’est magnifique, les gens sont gentils, il y a des villas à couper le souffle, des super restos et des hôtels superbes. Du côté hollandais, tu trouves des casinos, des boites de nuit, il y a un esprit de fête évident et l'île est connue pour ça. C’est vendeur. Le plus dur n’est pas d’arriver sur l’ïle de Saint-Martin, ce qui est difficile, c’est de devoir la quitter !»
 
En 2019, 5670 festivaliers présents. 1 festivalier sur 3 étant un caribéen.
 
« Le SXM festival est un projet complet. Beaucoup de bonnes décisions ont été prises en amont et c'est souvent ça qui fait toute la différence, qui est crucial. On a bien galéré, on revient de loin, lors de la 1ère édition, on a eu une pluie diluvienne pendant 5 jours, on a dû annuler le vendredi et il y avait eu une manifestation le 1er jour. Et pourtant, on a triplé la vente de billets pour la 2ème édition. L'année où on aurait techniquement du exploser, il y a eu Irma. On s'est retroussé les manches, on a fait participer les artistes, les festivaliers. On a nettoyé des plages, on a repiqué des cocotiers à Sandy Ground avec des élèves, on a fait des dons à des écoles publiques. Chaque année, on livre une bataille. Faire un bon festival est extrêmement compliqué. C'est probablement les métiers les plus difficiles au monde, organisateur de fête, c'est aussi stressant qu'être dans l'armée, tu peux me croire ! »
 
Du coup, comment y impliquer le local qui est novice en terme de service militaire ou d’évènementiel ?
 
« On a eu 4 éditions pour former des locaux sur place, le but étant que ça devienne exclusivement local, nous n’en sommes pas loin. Il n'y a aucun bénévole parce que le festival est beaucoup trop amusant et tentant. C'est mieux d'avoir une équipe qui est payée, volontaire et présente pour travailler, qui sait ce qu'elle a à faire, c'est plus performant au final. Il y a cependant des postes à responsabilité qui sont assignés à un personnel compétent et formé pour, sinon c'est du talent local, à 95%. Ca permet de créer des liens entre Saint-Martin et le reste du monde vu qu'on a des consultants qui viennent de Londres, du Portugal, de Los Angeles, ça donne de vrais rapports humains, même au niveau des artistes locaux et internationaux, ça interagit, ça partage des connaissances, ça améliore et ça rassemble. On tourne quand même autour de 250 personnes qui travaillent à faire vivre ce festival pendant 5 jours. Tout réside dans la transmission du savoir.»
 
Ce qui crée de l’emploi, avec des retombées sur l’économie locale…
 
SXM FESTIVAL« Oui, à 100%. Entre les locaux employés et les festivaliers, il y a un impact sur l’essor économique de l’île. On a mis en place divers accompagnements pour que l’expérience de chaque festivalier soit mémorable. Par la création d’une carte pour s’orienter et organiser son propre itinéraire, le festivalier bénéficie d’un service de navette, en collaboration avec des chauffeurs locaux, qui le conduira par exemple d’une scène à son hôtel. Dès son arrivée jusqu'à son départ, on guide le festivalier. Ca fait un beau voyage au final, le festival dure 5 jours mais il faut savoir que la durée moyenne de séjour d'un festivalier est de 8 jours, le public vient pour faire la fête mais aussi pour consacrer du temps à découvrir l'île, la gastronomie, la culture locale, ce qui représente une rentrée d’argent énorme. C’est le propre et la magie du voyage, tu rencontres des gens, tu te lies d'amitié et tu y retournes, tu contribues donc à la vie sur place. Car à la fin de la journée, c'est le rapport humain qui est le moteur central. Après, il y a des signes qui ne trompent pas, il suffit de regarder les courbes des prix en fonction des périodes : premier pic durant la semaine de Noël qui a toujours été la semaine indétrônable en termes de prix et second pic à la période du festival. Ce sont, à l'heure actuelle, les deux périodes de l'année où les villas sont plus chères, elles sont louées par des festivaliers ou des artistes. Le festival a un impact avéré sur l'île, surtout que nous ne travaillons qu’avec des fournisseurs locaux. Tout le monde en profite et je suis le premier ravi. »
En moyenne, le taux de retour d’un festivalier à la prochaine édition se situe entre 20 et 25%. Avec la modestie qu’on lui connait à présent, le SXM festival peut néanmoins se targuer d’avoir un taux de 55%.
 
To be continued comme dirait Shakespeare…
 
 
Dans notre édition de mardi prochain : « Pré-refrain : écologie, mon amie ».
 

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