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Alors que dans ce tas déversé ne devraient être présents que des déchets de verre, les plastiques et autre déchets en métal prédominent… De fait, ici, pour être valorisés, les déchets doivent être « re-triés », engendrant d’importants coûts.
Alors que dans ce tas déversé ne devraient être présents que des déchets de verre, les plastiques et autre déchets en métal prédominent… De fait, ici, pour être valorisés, les déchets doivent être « re-triés », engendrant d’importants coûts.

Adopter le tri sélectif à tout prix !

10 February 2023

L’Ecosite de Grandes Cayes, à Cul de Sac, géré par Verde SXM, arrive à saturation. Entre intensification du tri sélectif afin de maximiser la valorisation des déchets en diminuant les déchets ultimes, et projet de construction de l’usine Pi pour créer de l’énergie à partir de nos déchets, des solutions existent. Pour autant, elles devront obligatoirement passer par une réelle prise de conscience de la population de la prégnante nécessité de trier ses déchets. 

ICI, PRES DE TROIS FOIS PLUS DE DECHETS PRODUITS PAR HABITANT QUE DANS L’HEXAGONE

Saint-Martin partie française, petit territoire de quelque 53 km2, présentant une population officielle d’environ 32500 habitants (au 1er janvier 2019, source rapport IEDOM 2021), est l’un des territoires français les plus grands producteurs de déchets, rapporté à sa population. Ce sont en effet 45 000 tonnes de déchets annuels qui sont acheminés vers le site de Grande Cayes, soit 1.38 tonne de déchets par habitant chaque année, alors que la moyenne nationale est d’environ 500 kg de déchets par an et par habitant. Ce sont donc localement près de trois fois plus de déchets qui sont produits par an ! Des volumes moyens qui ne prennent pas en compte ceux représentés par les déchets collectés l’année 2017 après le passage Irma où 90 000 tonnes avaient été acheminés vers l’écosite. « En quatre ans, l’Ecosite a dû gérer 10 ans de déchets. Ce n’est que l’année 2022 que nous sommes revenus aux niveaux « normaux », soient 45000 tonnes », confirme Maxime Arnal, directeur de Verde SXM. Parmi ces 45000 tonnes de déchets annuels, 70% proviennent des ordures ménagères collectées par la Collectivité. Des ordures ménagères qui ne sont pas triées, déposées au tout venant dans les bennes par les habitants, qui sont ensuite ramassées, là-encore rappelons-le, tous les jours de la semaine. Une exception encore sur le territoire national : il n’y aurait qu’à Saint-Martin où la collecte des ordures ménagères par les services territoriaux serait faite quotidiennement. Les professionnels, quant à eux, acheminent vers l’écosite environ 13 000 tonnes par an, soit 30% des volumes globaux traités. Pour ces derniers, le dépôt des déchets n’est pas gratuit à l’entrée du site, contrairement aux particuliers, qui eux paient indirectement le service au travers de la taxe de collecte des ordures ménagères qui revient à la Collectivité.

L’ABSENCE DE TRI EMPECHE LE RECYCLAGE

L’absence de tri et ces importants volumes représentent un véritable casse-tête pour Verde SXM qui, en bout de chaîne, jouit d’un terrain non-extensible, entouré de surcroît par la Réserve Naturelle de Saint-Martin et le domaine du Conservatoire du littoral. Sans doute là encore une exception… Mais rappelons que la décharge de Saint-Martin était déjà située en ce même lieu avant le décret de création de la Réserve Naturelle (décret de 1998). Car en effet, la décharge de Saint-Martin a été pendant plusieurs décennies, jusqu’en 2008, une véritable décharge sauvage, sans normes, où tous des déchets sans distinction étaient déposés dans un trou béant puis brûlés. On se souvient de cette époque où des fumées incessantes, jour et nuit, sortaient de la montagne de Grandes Cayes. Ce, jusqu’en 2006 où la décharge a fait l'objet d’une mise en demeure pour se « mettre dans les clous ». Et en 2008, la décharge a été validée par un décret préfectoral comme étant une Installation de Stockage des Déchets Non Dangereux, une ISDND. Un premier progrès, sauf que la notion de déchets non dangereux évacue tout déchet qui par définition est dangereux pour l’environnement. Une ISDN ne peut recevoir et enfouir que les déchets ultimes, qui n’ont pas de solution de recyclage ou de valorisation, en l’état actuel des technologies. Mais sans les gestes de tri en amont, les déchets qui sont enfouis comportent de nombreux matériaux qui pourraient être valorisés par le recyclage.

SATURATION DES ALVEOLES DESTINEES A RECEVOIR LES ORDURES MENAGERES

Du côté de notre site de Grandes Cayes, nous avons donc un ISDND pour les déchets ultimes qui est sous contrat de marché public avec la Collectivité et est géré par Verde SXM, et l’écosite de Recyclage-Valorisation de tous les autres déchets, outil développé et exploité par Verde SXM. S’agissant de l'ISDN, deux alvéoles sont opérationnelles, immenses trous dans lesquels sont enfouis les déchets ultimes, dont une est arrivée à saturation. Verde SXM doit procéder à l’agrandissement de ces deux alvéoles tout en observant la contrainte du foncier qui n’est pas extensible. Par un process technique, des agrandissements seront possibles, mais permettront de couvrir une période de quatre ans seulement, autant dire du court terme. Si les alvéoles restent en l’état, en fin de cette année, elles ne seront plus exploitables.

TRIER A TOUT PRIX

Une première solution réside dans la diminution de ces déchets par une maximisation du tri, en amont du dépôt. Car en l’état actuel, les déchets ne sont pas triés par les particuliers et les professionnels quand ils sont déposés aux ordures et présentent un volume supérieur à celui qu’il serait s’il y avait eu un tri préalable.

LES BORNES DE RECYCLAGE SONT EN COURS D’INSTALLATION SUR TOUTE L’ILE

Rappelons encore que l’ouragan Irma en septembre 2017 a fait voler en éclats les bornes de recyclage qui étaient positionnées sur le territoire. Des nouvelles bornes ont été peu à peu réinstallées, jusqu’en 2019 où le marché de recyclage a été interrompu, et ce n’est qu’en juin 2022 qu’un nouveau marché public est redevenu efficient. Les bornes de tri sont toujours en cours d’installation et on peut espérer que courant de l’été prochain toutes les sites seront pourvus des trois bornes réglementaires, la verte, la orange et la grise.

RETARD DE 10 ANS DANS L’EDUCATION A LA GESTION DU TRI SELECTIF

Reste maintenant à refaire toute une éducation auprès de la population pour reprendre les bonnes habitudes perdues depuis ces cinq années : « Il faut repartir de zéro pour que la population reprenne les habitudes de tri dans les bornes de recyclage. Au bas mot, nous avons perdu au moins 10 ans dans l’éducation à la protection de l’environnement et à la gestion du tri sélectif », explique Maxime Arnal.

NON-RESPECT DES REGLES PAR LES PROFESSIONNELS : 850€ D’AMENDES !

S’agissant des professionnels, depuis tout récemment, en novembre 2022, de nouvelles directives sont obligatoires : chaque professionnel doit procurer à l’écosite une fiche d’information préalable (FIP) qui doit inscrire précisément les déchets qu’il produit, leur nature, leur volume, etc., sur une période annuelle. Verde SXM entend à compter du 15 février prochain accorder une période de trois semaines de pédagogie, et passé ce délai, les sanctions financières tomberont, en l’espèce une amende de 850€ par tonne. Une personne est recrutée spécialement pour réaliser ce contrôle de dépôt des déchets des professionnels en adéquation avec la FIP remise à l’écosite. « C’est la seule façon de parvenir à des résultats probants sur le tri », conçoit Maxime Arnal qui rappelle qu’en fin de cette année 2023, il n’y aura plus de place pour recevoir les déchets ISDN.

L’USINE PI, UNE SOLUTION ALTERNATIVE PAR LA CREATION D’ENERGIE VERTE

Une autre solution consiste en la production de biomasse à partir des ordures ménagères, qui peut ensuite servir de combustible pour créer de l’énergie, sachant que 1 kilo de combustible solide de récupération (CSR) produit 16.5 mégajoules d’énergie. La technique consiste dans le broyage d’un mélange de déchets tout venant. Une fois broyés, le matériau est ensuite séché et devient une poudre par un système de pyrogazéification (donc pas d’incinération), créant une énergie. En fonction des volumes des gisements et de la typologie des déchets acheminés vers son site, Verde SXM escompte avec l’usine PI la production de 8% de la consommation d’électricité de la partie française. Cette solution de création d’énergie verte a été intégrée à la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) en cours d’élaboration par les services de l’Etat et de la Collectivité. Restent les formalités administratives (arrêté préfectoral, permis de construire) puis les négociations avec la Commission de régulation de l’Energie (CRE) pour définir les conditions de rachat de l’électricité produite. « Si tous les voyants sont au vert, la première pierre de cette nouvelle usine devrait avoir lieu courant 2024. Un bâtiment de 80m x 80m sur 13m de haut devrait sortir de terre, dont le fonctionnement dégagera 20 fois moins de pollution que l’usine de production d’électricité de Galisbay », conclut Maxime Arnal.  

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