Contre la logique comptable de l’Éducation nationale

Lors de la séance de questions orales à l’Assemblée Nationale cette semaine, Frantz Gumbs a interpellé la ministre de l’Éducation nationale sur l’avenir de l’école à Saint-Martin. Sans insister directement sur les revendications de postes et de moyens, défendues par les organisations syndicales, le député a exposé les facteurs qui impactent les résultats scolaires des élèves du territoire.
En effet les résultats du test PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves) dans cinq pays comparables en termes de diversités culturelles ou linguistiques (Pays-Bas, Royaume-Uni, Canada, États-Unis et France) sont sans appel : la France est quatrième en mathématiques et dernière en lecture. À Saint-Martin, où la langue usuelle est l’anglais saint-martinois, plus de 8 écoliers sur 10 et près de 7 collégiens sur 10 sont scolarisés en éducation prioritaire. Le taux moyen d'élèves présentant une maîtrise satisfaisante en français est de 26 points en deçà du taux moyen académique et à 40 points en deçà du taux moyen national.
Pour le député, ces résultats, dus pour partie à une déconnexion entre enseignants et élèves, pourraient être améliorés si le corps enseignant avait plus de liberté pour s’adapter à la culture locale en tenant compte de la langue, de l’histoire et des réalités du territoire. Il a formulé le souhait que les demandes de postes soient séparées de celles de Guadeloupe afin de favoriser le recrutement de profils volontaires et préparés, à défaut de choisir des enseignants qui vivent mal leur affectation et font tout pour repartir de Saint-Martin au plus vite. Par ailleurs, Frantz Gumbs estime que la logique comptable qui consiste à supprimer des postes lorsque les effectifs sont en baisse n’est pas de nature à améliorer les résultats.
Quatre classes supprimées sur les 17 prévues
C’est par la voie de Annie Genevard (ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire), que la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, a communiqué ses premiers éléments de réponse. Partant du constat de la forte baisse démographique (93 000 élèves de moins pour la rentrée 2025 dont 80 000 dans le premier degré) constatée dans l’hexagone, mais également dans les territoires ultramarins et en particulier dans les Antilles françaises, le ministère souhaite faire de cette baisse une force en diminuant le nombre d’élèves dans les classes. Une moyenne qui devrait, selon les propos de la ministre, atteindre un niveau historiquement bas avec seulement 21,1 élèves par classe en moyenne, ce qui constitue pour elle un facteur de réussite.
Pour l’Académie de Guadeloupe, la diminution des effectifs depuis 2017 est de 18%, soit plus du double de la moyenne nationale. Malgré cette baisse, les moyens ont été maintenus a indiqué la porte-parole de la ministre, ce qui s’est traduit par l’amélioration du taux d’encadrement des élèves entre 2017 et aujourd’hui passé, de 21 à 16,3 élèves par classe dans l’Académie.
À Saint-Martin, la baisse des effectifs sera de 2,7 % à la rentrée prochaine et afin de préserver les conditions d’apprentissage les plus satisfaisantes possibles, seules quatre classes seront supprimées sur les 17 fermetures initialement prévues. Quant à la question de l’adaptation de la formation des enseignants, le sujet n’a pas obtenu de réponse de la ministre et devra être remis à l’ordre du jour.
