Il a le poil brillant, les yeux vifs et la truffe toujours humide. Feever, le Berger Belge Malinois de sept ans est hyper actif, à l’affut du moindre ordre qui pourrait lui être donné par son maître. Il n’attend que cela : c’est son métier. Il est spécialisé dans la recherche de stupéfiants. Et s’il est bon, c’est parce qu’avant tout, il cherche à jouer.

C’est par le jeu, qu’il est capable d’accomplir ce qu’aucun homme ni aucune machine n’est capable de faire. Comme tous les chiens des équipes cynophiles de la gendarmerie nationale, Feever a été recruté sur des capacités décelées alors qu’il était chiot, et avec son maître de chien, le gendarme Jérôme Fouquet, il a suivi un stage intensif de quatre mois au Centre National d’Instruction Cynophile à Gramat, dans le Lot. C’était en 2011, Feever avait 12 mois.

La voix de son maître

Le binôme est arrivé à Saint-Martin en 2012. Et a participé, depuis cette date à l’élucidation de nombreuses affaires liées au trafic de stupéfiants. Il y a eu entre autre l’importante prise (la plus grosse de l’équipe) de plus de 128 kilos d’herbe de cannabis réalisée rue de Hollande, à Marigot, en fin d’année 2015. Plus récemment, au mois de décembre dernier, l’équipe cynophile a participé à l’interpellation de quatre individus, des dealers de rue, qui faisaient leur commerce de cocaïne et de résine de cannabis, à Grand Case. L’enquête, placée sous le commandement de Sébastien Manzoni, a duré plusieurs mois, afin de récolter des éléments de preuves. Et le jour J, une opération de flagrance a été menée. Feever et Jérôme sont entrés en scène. « Cherche ! », a été le seul mot lâché par le maître de chien Jérôme et Feever a rapidement découvert une dizaine de cachettes dans les rues de Grand Case, dont certaines en hauteur, sur des toits de maisons. Les quatre jeunes ont été jugés en comparution immédiate à Saint-Martin, quarante-huit heures après leur interpellation. « Une fois en action, Feever ne lâche pas sa piste tant qu’il n’a pas trouvé ce que je lui demande de chercher. Et à chaque découverte, en guise de récompense, Feever reçoit son jouet, une sorte de corde en nylon avec des nœuds. Et c’est pour l’obtenir qu’il fait ce que je lui demande. Pour Feever, tout cela n’est qu’un jeu », explique le maître de chien.
Dans le cadre de l’enquête sur la disparition de la jeune touriste belge, Wendy Montulet, en juillet dernier, d’importants moyens ont tout de suite été déployés pour retrouver la jeune fille. Feever étant spécialisé dans la recherche de stupéfiants, le Commandant Manzoni a pris la décision de faire appel à l’équipe cynophile de Guadeloupe, spécialisée dans la recherche de personnes. L’espoir étant de retrouver la jeune fille en vie. Mais, après une battue qui a duré plusieurs heures, mobilisant un nombre important de militaires et le chien, c’est le corps sans vie de Wendy qui a été retrouvé…
C’est tous les jours que Feever est sollicité et est au travail. Sur la voie publique, les interventions du maître et de son chien sont quasi quotidiennes. En revanche, dans le cadre d’enquêtes préliminaires, le binôme intervient au moment des perquisitions suite à des flagrants délits. L’équipe cynophile intervient aussi régulièrement pour des contrôles de bagages et de personnes à l’aéroport de Grand Case et dans les gares maritimes d’Oyster Pond et de Marigot. Toutefois, le militaire Fouquet reste un gendarme avant d’être maître de chien, et est également amené à intervenir sans son chien.

Personnes, explosifs, armes, stup, billets, défense …

« Le nez du chien est incroyable. Il renferme près de 220 millions de récepteurs olfactifs, alors qu’un nez humain n’en contient que 5 millions. Quarante fois plus ! Plusieurs milliers d’odeurs entrent dans son nez en une seule inspiration. Le travail de dressage et d’entraînement consiste en une sélection discriminatoire de ces odeurs. Le chien doit comprendre quelle odeur il doit rechercher » explique le gendarme Fouquet. Et en fonction de leur comportement, les chiens sont spécialisés : les chiens pisteurs qui sont dressés pour la recherche de personnes, les chiens de recherche d’explosifs, les chiens de recherche d’armes et de munitions, ceux de défense … Et ils ont tous une place bien ancrée dans les brigades. C’est un travail d’équipe.
Jérôme et Feever termineront leur mission à Saint-Martin en juillet prochain. Une nouvelle équipe cynophile prendra le relais, et le Commandant Manzoni, pour être au plus près des besoins requis sur le territoire, a souhaité un chien spécialisé en recherche de stupéfiants et de billets, mais aussi en recherche d’armes et de munitions.
Quant à Feever, il devrait prendre sa retraite en 2020, après dix ans de bons et loyaux services, et restera auprès de Jérôme, devenu son maître de cœur. « Mon chien c’est mon collègue et mon copain, ajoute le gendarme Fouquet. Je sais que je peux toujours compter sur lui. C’est mon quatrième chien de travail, et ce sera probablement mon dernier », conclut le gendarme Fouquet.         

NDLR : Remerciements au Centre d’Education Canine Dog’s Land qui a accepté que nous réalisions ce reportage dans son enceinte.